François Sholmes, entre autre animateur du blog itinéraire non balisé et nouvelliste, nous emmène en voiture, une bonne vieille 4L des années 80 avec la musique qui va avec !
Nous avions roulé de nuit. A cette époque, les bagnoles ne possédaient pas d'assistance au freinage ni de guidage par satellite. On marchait au bruit et à l'odeur. Une R5 ne dégageait pas le même fumet qu'une 4L ou qu'une vieille Ford Taunus. Maintenant, les voitures sentent le « plastique Haribo », un machin qu'un technicien pulvérise pour faire croire que tout est neuf en sortant de la chaîne de montage.
Nous étions partis à plusieurs, juste après une dernière série d'examens, fin juin. Direction : la mer, avant de se séparer après notre quatrième et dernière année. Nous étions huit copains : cinq gars et trois filles répartis dans trois véhicules, les coffres remplis de bouquins de cours et de fringues accumulés pendant l'année scolaire.
Avec ce chargement, la moindre côte prenait l'allure d'un défi à la pesanteur. Les rares poids lourds en circulation nous doublaient. Nous nous consolions en les rattrapant sur le plat. L'autoradio débitait les titres des premières radios libres. Olivier, Christine et moi avions entamé une discussion animée concernant l'avenir du Bureau des Elèves. Le moteur, nos trois voix et la New Wave remplissaient l'habitacle d'un vacarme épuisant pour le conducteur. Le conducteur c'était moi, avec les yeux qui piquaient. Nous n'avions pas beaucoup dormi depuis quinze jours.
Je tournai finalement le bouton sur off. Au fil des kilomètres, nous avions moins parlé. Olivier et Christine s'assoupirent et j'enclenchai le pilote automatique, bercé par le ronronnement de la 4L.
Je me garai entre des semi remorques, sur le parking d'un restaurant de routiers. Mes deux camarades de voyage dormaient toujours, calés comme ils pouvaient contre des manteaux roulés en boule et des valises empilées. Christine, réflexe féminin, avait emporté son oreiller. Debout face à la lune, j'ingurgitais le café préparé dans une bouteille Thermos. En dépit de la présence des camions proches, l'air était rempli de l'odeur de la campagne. Pas très loin, on avait certainement tondu une pelouse. Il restait encore trois heures de route.
Lorsque la jauge arriva sur la réserve, Noirmoutier était à plus de cent kilomètres. Pas sûr d'y arriver. J'avais pourtant calculé mon coup lors du dernier plein, mais sans intégrer les deux passagers et tous les bagages. Pourquoi la petite station-service dans ce bourg était déjà ouverte, alors que le ciel perdait de sa noirceur nocturne, restera un mystère. A côté de moi, Olivier se réveilla alors que je lançais la 4L sur la route, réservoir rempli à ras bord. Il regarda sa montre.
− La vache, je pensais que j'avais pas dormi longtemps. T'as revu les autres ?
− Non. De toute façon, Bruno et Catherine ont du foncer avec la Ford, comme d'habitude. Et
puis Philippe a dit qu'il voulait passer par Poitiers au lieu de Niort.
Nous apprîmes plus tard que la Ford n'avait pas respecté une priorité à droite dans un village. Rien de grave, mais l'aile avait une sale allure.
− On est encore loin ?
− Le pont est à une cinquantaine de kilomètres.
Lorsque nous nous engageâmes sur l'édifice, un soleil prometteur l'illuminait d'une douce lueur orangée. Olivier ouvrit la fenêtre et l'iode chatouilla nos narines. Christine émergea derrière nous.
− On est arrivé ?
− Non, on est sur le pont de Manhattan !
Je tournai le bouton sur On. C'était Alan Parson Project avec Eye in the Sky.
Titre de la chanson et interprète : Eye in the Sky - Alan Parson Project
Nom et Âge : François Sholmes (48 ans !)
Lieu et année du souvenir : Noirmoutier – Année 1986
Alan Parson Project, Eye in the Sky
Nous étions partis à plusieurs, juste après une dernière série d'examens, fin juin. Direction : la mer, avant de se séparer après notre quatrième et dernière année. Nous étions huit copains : cinq gars et trois filles répartis dans trois véhicules, les coffres remplis de bouquins de cours et de fringues accumulés pendant l'année scolaire.
Avec ce chargement, la moindre côte prenait l'allure d'un défi à la pesanteur. Les rares poids lourds en circulation nous doublaient. Nous nous consolions en les rattrapant sur le plat. L'autoradio débitait les titres des premières radios libres. Olivier, Christine et moi avions entamé une discussion animée concernant l'avenir du Bureau des Elèves. Le moteur, nos trois voix et la New Wave remplissaient l'habitacle d'un vacarme épuisant pour le conducteur. Le conducteur c'était moi, avec les yeux qui piquaient. Nous n'avions pas beaucoup dormi depuis quinze jours.
Je tournai finalement le bouton sur off. Au fil des kilomètres, nous avions moins parlé. Olivier et Christine s'assoupirent et j'enclenchai le pilote automatique, bercé par le ronronnement de la 4L.
Je me garai entre des semi remorques, sur le parking d'un restaurant de routiers. Mes deux camarades de voyage dormaient toujours, calés comme ils pouvaient contre des manteaux roulés en boule et des valises empilées. Christine, réflexe féminin, avait emporté son oreiller. Debout face à la lune, j'ingurgitais le café préparé dans une bouteille Thermos. En dépit de la présence des camions proches, l'air était rempli de l'odeur de la campagne. Pas très loin, on avait certainement tondu une pelouse. Il restait encore trois heures de route.
Lorsque la jauge arriva sur la réserve, Noirmoutier était à plus de cent kilomètres. Pas sûr d'y arriver. J'avais pourtant calculé mon coup lors du dernier plein, mais sans intégrer les deux passagers et tous les bagages. Pourquoi la petite station-service dans ce bourg était déjà ouverte, alors que le ciel perdait de sa noirceur nocturne, restera un mystère. A côté de moi, Olivier se réveilla alors que je lançais la 4L sur la route, réservoir rempli à ras bord. Il regarda sa montre.
− La vache, je pensais que j'avais pas dormi longtemps. T'as revu les autres ?
− Non. De toute façon, Bruno et Catherine ont du foncer avec la Ford, comme d'habitude. Et
puis Philippe a dit qu'il voulait passer par Poitiers au lieu de Niort.
Nous apprîmes plus tard que la Ford n'avait pas respecté une priorité à droite dans un village. Rien de grave, mais l'aile avait une sale allure.
− On est encore loin ?
− Le pont est à une cinquantaine de kilomètres.
Lorsque nous nous engageâmes sur l'édifice, un soleil prometteur l'illuminait d'une douce lueur orangée. Olivier ouvrit la fenêtre et l'iode chatouilla nos narines. Christine émergea derrière nous.
− On est arrivé ?
− Non, on est sur le pont de Manhattan !
Je tournai le bouton sur On. C'était Alan Parson Project avec Eye in the Sky.
Titre de la chanson et interprète : Eye in the Sky - Alan Parson Project
Nom et Âge : François Sholmes (48 ans !)
Lieu et année du souvenir : Noirmoutier – Année 1986
Alan Parson Project, Eye in the Sky