Pierre Maldonado et La dernière aube
Pierre Maldonado, La dernière aube, Editions TdB, 2008, 21 euros, 360 p.
Thomas Cortez est né en Algérie, fait le chauffeur pour l'OAS, a empoché pas mal d'argent grâce aux casses de banques, avant de quitter cet univers criminel. Il vit à Nantes et dirige sa petite salle de cinéma, comme quand il était gosse avec son oncle à Oran. Mais comme il le dit "Il y a trop de choses auxquelles je me suis entendu dire oui." Son ami le célèbre romancier Jean-Louis Chevance va le réexpédier vers son passé, déterrer quelques cadavres et rétablir un peu de justice. La poudre va encore parler, comme on dit, car Cortez va recroiser le chemin de ses anciennes connaissances. Règlement de comptes, il faut choisir un camp. C'est noir, nostalgique et poétique, cinématographique. Je pense donc revenir vers cet auteur, Pierre Maldonado, lui aussi né en Algérie et venu vivre (et enseigner) à Nantes, où il vit toujours.
"Il y avait toutes sortes d'auteurs, c'est vrai. Il y avait ceux que vous auriez tant aimé inviter à partager une bouteille, chez vous, en frères, les soirs de noir cafard ; ceux-là étaient généralement morts ou à l'autre bout de monde et vous ne les rencontreriez jamais. Il y avait les jean-foutre. Les mercenaires et les faussaires. et il y avait encore ceux que vous n'auriez pas osé inviter, parce que vous saviez qu'ils ne se seraient pas arrêtés de boire. Ceux qui n'écrivaient plus."
"La Celtique me donnait envie d'un scotch sec, un grand. Toute ma métaphysique est dans le scotch. Toute ma patience aussi."
"Les hommes dans son genre n'aiment jamais les artistes. Ils les méprisent et ils les craignent. S'ils se laissaient aller à leur reconnaître une valeur, ils seraient forcés d'admettre alors qu'eux-mêmes, ils trichent avec la vie, qu'ils bâtissent sur l'ordure et le sable. Ce sont des prédateurs. Ils n'ont aucun imaginaire. Il leur faut un gratte-ciel de cent étages pour croire qu'ils ont réalisé leurs rêves."
A propos des gens qui sont eux :
"On leur inculque en général l'idée inverse. S'ils résistent, on les tue - d'une manière ou d'une autre. On les convainc qu'avoir une opinion personnelle, c'est être un dissident, qu'ils sont fous, que "le moi est haïssable", que c'est le Grand Péché, de vivre pour soi, qu'il faut penser aux autres et rien qu'aux autres et surtout comme les autres, qu'il faut payer de sa personne, pour le gaz carbonique qu'on rejette, qu'il y a l'Etat, l'Eglise, l'Enfer, les chiottes qu'il faut laisser nickel, qu'on n'est pas là pour rigoler et que tout ce qui n'est pas interdit doit faire l'objet d'une demande d'autorisation."
"Il y avait toutes sortes d'auteurs, c'est vrai. Il y avait ceux que vous auriez tant aimé inviter à partager une bouteille, chez vous, en frères, les soirs de noir cafard ; ceux-là étaient généralement morts ou à l'autre bout de monde et vous ne les rencontreriez jamais. Il y avait les jean-foutre. Les mercenaires et les faussaires. et il y avait encore ceux que vous n'auriez pas osé inviter, parce que vous saviez qu'ils ne se seraient pas arrêtés de boire. Ceux qui n'écrivaient plus."
"La Celtique me donnait envie d'un scotch sec, un grand. Toute ma métaphysique est dans le scotch. Toute ma patience aussi."
"Les hommes dans son genre n'aiment jamais les artistes. Ils les méprisent et ils les craignent. S'ils se laissaient aller à leur reconnaître une valeur, ils seraient forcés d'admettre alors qu'eux-mêmes, ils trichent avec la vie, qu'ils bâtissent sur l'ordure et le sable. Ce sont des prédateurs. Ils n'ont aucun imaginaire. Il leur faut un gratte-ciel de cent étages pour croire qu'ils ont réalisé leurs rêves."
A propos des gens qui sont eux :
"On leur inculque en général l'idée inverse. S'ils résistent, on les tue - d'une manière ou d'une autre. On les convainc qu'avoir une opinion personnelle, c'est être un dissident, qu'ils sont fous, que "le moi est haïssable", que c'est le Grand Péché, de vivre pour soi, qu'il faut penser aux autres et rien qu'aux autres et surtout comme les autres, qu'il faut payer de sa personne, pour le gaz carbonique qu'on rejette, qu'il y a l'Etat, l'Eglise, l'Enfer, les chiottes qu'il faut laisser nickel, qu'on n'est pas là pour rigoler et que tout ce qui n'est pas interdit doit faire l'objet d'une demande d'autorisation."
Pierre Maldonado, La dernière aube, Editions TdB, 2008, 21 euros, 360 p.