Le dresseur, Serge Rezvani
Serge Rezvani, Le dresseur, Le cherche midi, 2009, 18 euros, 298p.
Deux parisiennes dites un peu originales s'exilent vivre leur homosexualité loin de Paris, dans une maison en plein bois à St Elme. Véronique, la plus valide, s'occupe de Ginette, de plus en plus handicapée par une maladie. On ne connaît pas leur âge exact, pour ma part je les imagine dans la cinquantaine. Anxieuses, elles prenent un chien pour rassurer leur sécurité. Un rottweiler qui les mettra en contact avec un homme, Arnulfe, dresseur. De là part la dégringolade pour les deux femmes, soumises petit à petit à la volonté et la domination physique et psychologique du dresseur, épaulé par son amie Angine qu'il surnomme Cruella. On comprend d'ailleurs assez vite que ces deux-là n'en sont pas à leur coup d'essai, aidés par l'indifférence d'un entourage qui préfère fermer les yeux et des autorités qui ont autre chose à faire (ou ne pas faire).
Revue sur la dépendance, la soumission, le manque de volonté, la complicité par désintérêt, le confort de la soumission, sadomasochisme et plaisir sexuel... on pense très rapidement à faire le parallèle avec une société dont les individus se soumettent facilement par une pression permanente ; à la violence qui peut régner dans un couple, et aux mécanismes de domination entre victime et bourreau. Certains personnages y prennent goût, d'autres sont conscients de leur anéantissement. On fait aussi le lien avec l'emprise exercée par les dirigeants de sectes. Ici, cependant, le processus m'a paru un peu trop rapide pour emporter l'adhésion.
Le roman ne peut pas laisser indifférent tant la déchéance des personnages marque. On se doute que l'auteur nous raconte plus que l'histoire de deux femmes soumises à un taré ; on comprend que la forme un peu simpliste des dialogues sert de contraste et qu'en arrière-plan une autre lecture peut se faire (la société, la cellule familiale...) ; cependant cette forme même ne m'a pas convaincue. Surtout à cause de l'overdose d'explications visant à bien nous faire comprendre les enjeux. La première moitié équilibrée réussit à installer une certaine ambiance et une pression progressive. Mais la suite ne fait qu'asséner une démonstration grossière. L'arrivée successive de plusieurs visiteurs, amis du couple, qui seront soit lâches, soit soumis également, m'a paru un peu outrancier. Chaque exemple sert un propos sans vraiment de nuance. Il manque un peu de normalité pour réussir à toucher. De plus, il m'a semblé qu'à deux reprises des contradictions apparaissent dans la référence au naturel.
Au final, pas beaucoup d'angoisse ou d'empathie, un peu de questionnement sans que celui-ci aille bien loin, et une lecture rapide et fluide (le lecteur a envie de savoir). Le final, lui, en rajoute une couche dans le lourd et l'in-croyable.
Revue sur la dépendance, la soumission, le manque de volonté, la complicité par désintérêt, le confort de la soumission, sadomasochisme et plaisir sexuel... on pense très rapidement à faire le parallèle avec une société dont les individus se soumettent facilement par une pression permanente ; à la violence qui peut régner dans un couple, et aux mécanismes de domination entre victime et bourreau. Certains personnages y prennent goût, d'autres sont conscients de leur anéantissement. On fait aussi le lien avec l'emprise exercée par les dirigeants de sectes. Ici, cependant, le processus m'a paru un peu trop rapide pour emporter l'adhésion.
Le roman ne peut pas laisser indifférent tant la déchéance des personnages marque. On se doute que l'auteur nous raconte plus que l'histoire de deux femmes soumises à un taré ; on comprend que la forme un peu simpliste des dialogues sert de contraste et qu'en arrière-plan une autre lecture peut se faire (la société, la cellule familiale...) ; cependant cette forme même ne m'a pas convaincue. Surtout à cause de l'overdose d'explications visant à bien nous faire comprendre les enjeux. La première moitié équilibrée réussit à installer une certaine ambiance et une pression progressive. Mais la suite ne fait qu'asséner une démonstration grossière. L'arrivée successive de plusieurs visiteurs, amis du couple, qui seront soit lâches, soit soumis également, m'a paru un peu outrancier. Chaque exemple sert un propos sans vraiment de nuance. Il manque un peu de normalité pour réussir à toucher. De plus, il m'a semblé qu'à deux reprises des contradictions apparaissent dans la référence au naturel.
Au final, pas beaucoup d'angoisse ou d'empathie, un peu de questionnement sans que celui-ci aille bien loin, et une lecture rapide et fluide (le lecteur a envie de savoir). Le final, lui, en rajoute une couche dans le lourd et l'in-croyable.
"Au seuil de ce monde moderne, soi-disant préservé de toute sauvagerie, il se commet parfois des actes d'une barbarie que l'égoïsme de populations sans véritables attaches communes non seulement autorise mais encourage par une sorte de loi du démerdage général qui fait que chacun plonge la main dans la poche du voisin, formant ainsi une chaîne de petits malins qui s'escroquent mutuellement, bien heureux quand ils tentent et même réussissent des coups terribles sur lesquels la Loi et surtout la Justice sont trop heureuses de garder solidement noué leur fameux bandeau."
Serge Rezvani, Le dresseur, Le cherche midi, 2009, 18 euros, 298p.