Il y a peu devant une bière ou deux et des déclarations d'un BHL ou autre à la radio, je me demandais s'il restait des philosophes en France ? Et Je Notule vient m'informer que le philosophe, militant et écrivain Alain Badiou donne une conférence Mardi 3 Mars à la médiathèque Hermeland de Saint Herblain (44). Je venais tout juste de déguster un Merlot et de finir une chronique de l'album Recapturing the banjo d'Otis Taylor pour Poin Poin, alors hop la boum, nous voilà en route pour la banlieue Nantaise... La médiathèque d'Hermeland est neuve, spacieuse et sacrément lumineuse avec une large vue sur des murets en ruines et des arbres balayés par les vents. Elle possède une salle de conférence douillette où le Dj Duclock viendrait bien faire une conférence...
Dans un premier temps, Alain Badiou fait un rappel de l’histoire de l’écriture et du livre, et de ceux qui détiennent ces pouvoirs et s’en servent : État, Église et Classe dirigeante (élite). Le livre, l’écriture est un outil récent à l’échelle de l’aventure humaine. L’écriture est une invention récente et fragile et c’est seulement depuis le XIXème siècle que l’idée de la lecture et de l’écriture pour tous s’installe. Le livre, au départ instrument de l'état et de la religion, a aussi une fonction critique, en ce sens il est censuré et surveillé.
Dans un deuxième temps Badiou propose une différenciation de l’écrit et de l’image en posant le fait que le livre part de l’écriture, ce qu'il appelle le symbolique - et de l’apprentissage de ces symboles qui font sens et vont vers l’imaginaire construit par l'individu lui-même. Alors que l’image suscite directement de l’imaginaire qui débouche souvent sur une symbolique pauvre (la faute - entre autre - à l'absence d'enseignement du cinéma à l'école...).
Alain Badiou émet alors l’hypothèse qu'il y a une tendance aujourd'hui à vouloir remplacer le livre par l'image, et que si le rapport au monde ne passe que par l’image alors l’écriture sera monopolisée par une minorité, qui d’ailleurs se sert de l’écriture pour construire les images et faire passer un message. Ainsi une série télé se construit au départ avec un script écrit. Badiou propose donc de défendre l’accès au monde qui commence par le symbolique (l’écrit) et non pas par l’imaginaire. Il pointe du doigt la menace qui sourd contre le livre et que l'on voit jaillir dans certains discours qui suggèrent qu'il faut arrêter d'imposer la lecture d'oeuvres qui font "souffrir" comme La princesse de Clèves... et de conclure qu'il faut rappeler que la lecture apporte aussi de grandes joies.
Le monde capitaliste repose sur la masse (susciter des comportements collectifs pour une adéquation avec une marchandise industrialisée) et la vitesse (les marchandises doivent vieillir vite pour être remplacées par d’autres marchandises). Alors que le livre lui fonctionne à l’inverse ; il est lent et solitaire. Le livre (en tant que texte écrit, peu importe le support) qui est à la jonction entre l’individu et l’universalité est un enjeu majeur porteur de symbolique qui mène vers l’imaginaire.
Voilà en gros ce que j'ai ramené de cette heure de discussion. Plus quelques pistes à explorer et pourquoi pas se plonger dans quelques livres de Badiou... On peut se poser la question du genre de livre qui resterait s'il (re)devenait chasse gardée de l'appareil d'état, de la religion et de l'élite... Badiou propose une hypothèse et des pistes de réflexions. Oui, il y a encore des philosophes en France.
Dans un deuxième temps Badiou propose une différenciation de l’écrit et de l’image en posant le fait que le livre part de l’écriture, ce qu'il appelle le symbolique - et de l’apprentissage de ces symboles qui font sens et vont vers l’imaginaire construit par l'individu lui-même. Alors que l’image suscite directement de l’imaginaire qui débouche souvent sur une symbolique pauvre (la faute - entre autre - à l'absence d'enseignement du cinéma à l'école...).
Alain Badiou émet alors l’hypothèse qu'il y a une tendance aujourd'hui à vouloir remplacer le livre par l'image, et que si le rapport au monde ne passe que par l’image alors l’écriture sera monopolisée par une minorité, qui d’ailleurs se sert de l’écriture pour construire les images et faire passer un message. Ainsi une série télé se construit au départ avec un script écrit. Badiou propose donc de défendre l’accès au monde qui commence par le symbolique (l’écrit) et non pas par l’imaginaire. Il pointe du doigt la menace qui sourd contre le livre et que l'on voit jaillir dans certains discours qui suggèrent qu'il faut arrêter d'imposer la lecture d'oeuvres qui font "souffrir" comme La princesse de Clèves... et de conclure qu'il faut rappeler que la lecture apporte aussi de grandes joies.
Le monde capitaliste repose sur la masse (susciter des comportements collectifs pour une adéquation avec une marchandise industrialisée) et la vitesse (les marchandises doivent vieillir vite pour être remplacées par d’autres marchandises). Alors que le livre lui fonctionne à l’inverse ; il est lent et solitaire. Le livre (en tant que texte écrit, peu importe le support) qui est à la jonction entre l’individu et l’universalité est un enjeu majeur porteur de symbolique qui mène vers l’imaginaire.
Voilà en gros ce que j'ai ramené de cette heure de discussion. Plus quelques pistes à explorer et pourquoi pas se plonger dans quelques livres de Badiou... On peut se poser la question du genre de livre qui resterait s'il (re)devenait chasse gardée de l'appareil d'état, de la religion et de l'élite... Badiou propose une hypothèse et des pistes de réflexions. Oui, il y a encore des philosophes en France.