Le dernier monde de Céline Minard
Céline Minard, Le dernier monde, Denoël, 2007, 25 euros, 514 p.
Voici Jaume Roiq Stevens, cosmonaute en mission puis dernier homme sur terre. Ca lui fait comme un choc à l’atterrissage. Il raconte, à son cahier de bord et au lecteur, ce qu’il vit. D’abord pour simplement rendre compte, et ensuite pour avoir un repère. Floride, Mongolie, Chine, Inde, Afrique, Paris, Amérique Latine... En train, en Boeing, en Apache, Jaume se déplace. Il parcourt une planète et le délire s’empare peu à peu de lui. « Je suis à moi tout seul un programme politique, je suis celui qui peut. » Schizophrène par nécessité de survie, il s’invente des compagnons reflets de sa propre personnalité : Waterfull, Lawson, le major.
Partout, les animaux prennent possession des villes, reprennent possession de la nature, pendant que les constructions humaines se désagrègent et se répandent, à l’image de ces énormes bidons de déchets au large de la Somalie. Le dernier monde survole nos civilisations à travers la folie d’un homme qui veut en éradiquer les ultimes traces et se prend pour le dernier nabab, le défenseur de la République, seul dans un immense jardin d’enfants.
Certaines scènes sont grandioses, à l’image de l’opéra et des vêtements qui jonchent ses sièges, les 75 000 porcs de Mongolie que Stevens prend pour troupe et harangue de ses discours, ou la scène de cul entremêlée avec la destruction des barrages chinois. Le style de Céline Minard coule à flots, colle des images même si je n’ai pas tout compris. J’ai même été sérieusement gavée par les délires de Stevens passées les 250 premières pages. Pour moi, c’est là que le bât blesse. J’ai eu beau me laisser porter, le dialogue et la communion avec les divinités, les animaux, va trop loin. Je saisis l’idée générale, mais je décroche.
« Que sur un bateau perdu un homme puisse dire à un autre Homère
Oh qu’elle le puisse
Dussent-ils encore cracher dans leur soupe, trahir leurs frères, brûler leurs enfants, bouffer leurs amants, violer leurs femmes, renfiler les cagoules ; dussent-ils réinventer la torture, la guerre, l’horreur, la bêtise, le pouvoir, dussent-ils tout détruire à nouveau, Oh qu’il le puisse mais que je finisse avant.
Qu’on me pende avant. »
Si j’ai bien suivi, Céline Minard a fait des études philosophiques. On sent tout ça dans son roman, un arrière-plan chargé. Un roman propice à l’analyse, sur le langage, le comportement humain. Aucun doute là-dessus. Un roman ambitieux, qui dénote dans l’ensemble de la littérature française actuelle. Après une première moitié passionnante qui m'a embarquée, je n'ai pas apprécié la lourdeur qui a suivi. Le dernier monde m'a fait l'effet du Billy Milligan de Keyes qui croiserait Le monde enfin d'Andrevon. J'ai d'ailleurs largement préféré ce dernier, sur un thème identique et traité de manière très ressemblante. Vous pouvez aller voir ce qu'en dit Fausto sur Tabula Rasa, il exprime mieux que moi ce que j'ai ressenti.
Partout, les animaux prennent possession des villes, reprennent possession de la nature, pendant que les constructions humaines se désagrègent et se répandent, à l’image de ces énormes bidons de déchets au large de la Somalie. Le dernier monde survole nos civilisations à travers la folie d’un homme qui veut en éradiquer les ultimes traces et se prend pour le dernier nabab, le défenseur de la République, seul dans un immense jardin d’enfants.
Certaines scènes sont grandioses, à l’image de l’opéra et des vêtements qui jonchent ses sièges, les 75 000 porcs de Mongolie que Stevens prend pour troupe et harangue de ses discours, ou la scène de cul entremêlée avec la destruction des barrages chinois. Le style de Céline Minard coule à flots, colle des images même si je n’ai pas tout compris. J’ai même été sérieusement gavée par les délires de Stevens passées les 250 premières pages. Pour moi, c’est là que le bât blesse. J’ai eu beau me laisser porter, le dialogue et la communion avec les divinités, les animaux, va trop loin. Je saisis l’idée générale, mais je décroche.
« Que sur un bateau perdu un homme puisse dire à un autre Homère
Oh qu’elle le puisse
Dussent-ils encore cracher dans leur soupe, trahir leurs frères, brûler leurs enfants, bouffer leurs amants, violer leurs femmes, renfiler les cagoules ; dussent-ils réinventer la torture, la guerre, l’horreur, la bêtise, le pouvoir, dussent-ils tout détruire à nouveau, Oh qu’il le puisse mais que je finisse avant.
Qu’on me pende avant. »
Si j’ai bien suivi, Céline Minard a fait des études philosophiques. On sent tout ça dans son roman, un arrière-plan chargé. Un roman propice à l’analyse, sur le langage, le comportement humain. Aucun doute là-dessus. Un roman ambitieux, qui dénote dans l’ensemble de la littérature française actuelle. Après une première moitié passionnante qui m'a embarquée, je n'ai pas apprécié la lourdeur qui a suivi. Le dernier monde m'a fait l'effet du Billy Milligan de Keyes qui croiserait Le monde enfin d'Andrevon. J'ai d'ailleurs largement préféré ce dernier, sur un thème identique et traité de manière très ressemblante. Vous pouvez aller voir ce qu'en dit Fausto sur Tabula Rasa, il exprime mieux que moi ce que j'ai ressenti.
Céline Minard, Le dernier monde, Denoël, 2007, 25 euros, 514 p.