Sauvagerie, JG Ballard

Vous prévoyez un voyage en train, en avion, un dimanche pluvieux ? Une heure à tuer ? Essayez Sauvagerie. Ce roman de Ballard, écrit en 1988 et paru en 1995 sous le titre Le massacre de Pangbourne, ressort chez Tristram dans une nouvelle traduction. L’histoire simple, courte, se déroule dans un style sans fioritures qui s'efface au profit des faits.

Dans un de ces ensembles résidentiels privés réservés au gratin, tous les adultes ont été abattus et les enfants kidnappés. Sans demande de rançon. Un psychiatre consultant pour la police anglaise décrit les lieux du massacre, les familles en question, et les hypothèses en cours. Combien de personnes, avec quels moyens, quelle préparation, ont commis ces assassinats et pourquoi ? En étudiant la façon dont vivait cette communauté idyllique, le psychiatre va dévoiler la vérité. Ces familles que l’on découvre, l’invitation faite au lecteur de devenir enquêteur, provoquent un malaise léger et progressif. La façon dont parents et enfants vivaient en autarcie aseptisée n’est ni plus ni moins que le type de société qu’on voudrait nous imposer. Alors on comprend tout, on en devient même compréhensif et l’issue, glaçante, nous arrive sobrement en pleine face.

« Dans une société totalement saine, la folie est la seule liberté. »

Plus qu'un système sécuritaire, c'est aussi la famille idéale et le bonheur total que Ballard fait voler en éclat. Ce qui me rappelle cette histoire du type qui meurt et arrive dans un lieu parfait, rempli d'êtres bons et compréhensifs, où tous ses souhaits se réalisent. Il s'emmerde un peu et demande alors au type qui l'a accueilli à aller faire un tour en Enfer. L'autre lui répond "Où crois-tu que tu es ?"

J.G. Ballard, Sauvagerie, Tristram 2008, 13 euros, 119p.