Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte, de Thierry Jonquet
Je ne sais pas trop quelle était l’intention de Thierry Jonquet en écrivant son roman. J’ai du mal à voir le constat lucide et quasi documentaire que beaucoup ont lu dans cet ouvrage. En tout cas, on peut considérer son choix de point de vue comme une indication. L’intégrisme islamique, l’acharnement anti-juif, l’inertie de l’éducation nationale, la bêtise de certains profs.
Le problème majeur du constat de Thierry Jonquet, c’est qu’il est simpliste. Pas faux ni raciste, mais réducteur. Il manque quelques composants : l’espoir, la lutte, l’analyse. De ces cités et de ces salles de classe, rien de bon ne surgit. Bien sûr il met un peu de nuance avec un apprenant potentiellement différent des autres (intelligent, curieux, posé), mais il ne l’est que pour se faire convertir par l’extrémisme (islamiste, s'entend). Tous ces jeunes sont obnubilés par le rap clinquant, la Star Ac et les potins des people. Je n’ai aucune peine à croire que ce soit vrai, mais pourquoi ne présenter que cet aspect ?
Les descriptions qui prennent le pas sont celles qui reprennent les clichés, rmistes et perfusés d’allocations, rappeurs en survêt casquette, l’image est toujours la même. Il y a bien un brave cégétiste qui tente de lutter contre le délabrement de sa cité et une jeune prof naïve mais l’un comme l’autre vont vite baisser les bras. La mise en scène d'émeutes, en deux pages succinctes, manque aussi d’une approche de fond. Thierry Jonquet prend de grandes lignes qui ne s'encombrent pas de détails, mais je ne suis pas sûre pour autant qu'il soit allé à l'essentiel.
Autre problème, l’écriture. Certes on est dans la banlieue, mais était-il nécessaire d’user d’un style appauvri (pas toujours, mais le plus souvent) cherchant à restituer et imiter le parlé jeune de cité ? Argot, abréviation, véner à tous les étages. Un personnage est présent sans qu'on sache pourquoi : ce jeune des beaux quartiers qui vire schizo et décapite une femme... Symbolique ? Contre-poids pour dire que mêmes chez les riches on peut déraper ? Tout cela donne un sentiment de superficialité.
La dimension critique du roman et son constat partiel, font qu’au final il vaut mieux avoir un minimum de sens critique et de bagage politique pour ne pas sortir de cette lecture abattu et impressionné du danger qui menace notre société. Question de choix et de focale, peut-être.
Thierry Jonquet, Ils sont votre épouvante et vous être leur crainte, Points Roman Noir, 2007, 7,50 euros, 390p.
Le problème majeur du constat de Thierry Jonquet, c’est qu’il est simpliste. Pas faux ni raciste, mais réducteur. Il manque quelques composants : l’espoir, la lutte, l’analyse. De ces cités et de ces salles de classe, rien de bon ne surgit. Bien sûr il met un peu de nuance avec un apprenant potentiellement différent des autres (intelligent, curieux, posé), mais il ne l’est que pour se faire convertir par l’extrémisme (islamiste, s'entend). Tous ces jeunes sont obnubilés par le rap clinquant, la Star Ac et les potins des people. Je n’ai aucune peine à croire que ce soit vrai, mais pourquoi ne présenter que cet aspect ?
Les descriptions qui prennent le pas sont celles qui reprennent les clichés, rmistes et perfusés d’allocations, rappeurs en survêt casquette, l’image est toujours la même. Il y a bien un brave cégétiste qui tente de lutter contre le délabrement de sa cité et une jeune prof naïve mais l’un comme l’autre vont vite baisser les bras. La mise en scène d'émeutes, en deux pages succinctes, manque aussi d’une approche de fond. Thierry Jonquet prend de grandes lignes qui ne s'encombrent pas de détails, mais je ne suis pas sûre pour autant qu'il soit allé à l'essentiel.
Autre problème, l’écriture. Certes on est dans la banlieue, mais était-il nécessaire d’user d’un style appauvri (pas toujours, mais le plus souvent) cherchant à restituer et imiter le parlé jeune de cité ? Argot, abréviation, véner à tous les étages. Un personnage est présent sans qu'on sache pourquoi : ce jeune des beaux quartiers qui vire schizo et décapite une femme... Symbolique ? Contre-poids pour dire que mêmes chez les riches on peut déraper ? Tout cela donne un sentiment de superficialité.
La dimension critique du roman et son constat partiel, font qu’au final il vaut mieux avoir un minimum de sens critique et de bagage politique pour ne pas sortir de cette lecture abattu et impressionné du danger qui menace notre société. Question de choix et de focale, peut-être.
Thierry Jonquet, Ils sont votre épouvante et vous être leur crainte, Points Roman Noir, 2007, 7,50 euros, 390p.