La saison des massacres, Giancarlo de Cataldo

Deux extraits significatifs pour vous amener à lire le dernier (et excellent) roman de l'auteur de Romanzo Criminale. Un petit tour dans l'Italie du début des années 90.

"En vérité, du sang, les bolchéviques en avaient versé des torrents. Surtout le sang des autres.
Horrifié, Argenti releva les yeux et se passa une main sur le front. Mais qu'est-ce qu'il se mettait à penser ? Honte ! Vraiment le cours nouveau était en train dee rompore toutes les digues. Il n'y avait plus de limites. Même pour un vieux communiste comme lui. Encore un pas et il se serait mis à théoriser que Staline avait été un serial killer."

"Caru rêvait d'un journal. Son journal.
Les journaux sèment des idées. Les journaux créent des mythes. Les journaux contrôlent les consciences.
Tout était déjà clair dans sa tête.
Des coûts rédactionnels très bas, garantis par un groupe de frustrés à déchaîner contre ces chatfourrés de l'intelligentsia rouge qui les avaient condamnés à un silence résigné. De grandes campagnes à l'enseigne du nouvel ordre moral, flasque et efféminée par le laxisme de la gauche. Quelques ouvertures sur le social, pour ne pas se déclarer tout de suite brutalement fasciste : les Italiens n'étaient pas encore prêts. (...) On verrait à la fin. Quand un beau jour les Italiens se réveilleraient avec en tête un tas d'idées bien précises sur leur présent et sur leur pays. Les gitans font chier. Les nègres puent. Les femmes sont toutes des putes et celles qui avortent sont les plus putes de toutes. Les prisonniers doivent rester en taule. Tout le monde a le droit de s'armer pour défendre sa propriété privée. Ce matin-là, des Italiens se réveilleraient avec la stupeur de découvrir que ça, tout le monde le pense."

Giancarlo de Cataldo, La saison des Massacres, Métailié Noir, 2008, 19 euros, 298p.