Tokyo, de Mo Hayder




Mystères et tueurs, mais sans flic pour enquêter. Rien qu’une jeune fille, Grey, débarquée d’Angleterre avec ses livres, quelques billets et une obsession, la seule et unique qui l’occupe depuis "neuf ans sept mois et dix-neuf jours" : trouver la vieille bobine d’un film.

Le temps fait encore une fois office de pourvoyeur d’histoires, comme chez Fred Vargas, Richard Powers ou Theodore Roszak. L’invasion de la Chine par le Japon en 1937 et la recherche de Grey se rejoignent dans un chassé-croisé mettant en présence un vieux mafieux et un respectable professeur de linguistique. Les échos de drames humains se prolongent entre présent et passé, modernité et croyances ancestrales.

De Nankin en 1937 avec ses habitants claquemurés, surpris par l’impossible invasion japonaise, à un building tokyoïte orné d’une Marilyn Monroe de 20 mètres éclairant les Yakuza qui viennent se détendre en compagnie de charmantes hôtesses, le lecteur est comblé. Il trouvera, dans une galerie de personnages secondaires - ah cette Nurse à la morphologie chevaline, et Strawberry la tenancière qui ne quitte jamais sa coupe de champagne ! - et de lieux hauts en couleur, tout un monde pour son imaginaire. Malgré la présence d'un Jason pour conter fleurette à notre héroïne, ce voyage ne lorgne pas du côté de l'eau de rose mais bien du noir et de l'angoisse.

Mo Hayder, Tokyo, Presses de la Cité, 2005, 20 euros, 424p., réédition poche Pocket 2007.