Nelson Algren, La rue chaude et autres ouvrages


Texas, début des années 30. Le crach boursier est passé par là. Pour s’extirper de la misère et d’une connerie qu’il a faite, Dove Linkhorn prend la route. Grand benêt illettré, au parlé plein d’apostrophes (« Ceusses qui s’ront pas crasés y s’ront noyés »), roublard et menteur, il croisera Kitty la garçonne, Schmidt le cul de jatte, les putes de la rue Perdida, un couple fabricants de préservatifs à plumes... Voilà pour entamer la découverte du roman La rue chaude. Sur un ton plein d’humour, l’univers des miséreux défile sous nos yeux, sorte de foire aux monstres, exhibition des excès de chacun et d’une farouche envie de vivre.

Les critiques évoquent Algren en utilisant les qualificatifs « picaresque » ou « naturaliste ». On apprend aussi qu’il a été l’amant de Simone de Beauvoir, et qu’il est mort oublié en 1981. Le titre original de La rue chaude, c’est Walk on the Wild Side. Le roman a inspiré à Lou Reed sa célèbre chanson.

Pour continuer avec les écrits de cet auteur méconnu, il y a L'homme au bras d'or (The man with golden arm, 1949, Gallimard, 1956) et le film qu'en a fait Otto Preminger en 1955, Un fils de l'Amérique (Somebody in Boots, 1935, Le Rocher, 1994), La chaussette du diable/Tricoté comme le diable (The Devil's stocking, 1983, Souffles, 1989, réédition Gallimard La Noire, 2000) sur Hurricane Carter, le recueil de nouvelles Le désert du néon (The Neon Wilderness, 1947, Gallimard, 1969). Vous aurez plus de chances de trouver la plupart de ces livres dans les bacs d'un bouquiniste que sur les rayons d'une librairie.


Extraits :

« Quand on possède plus de maisons qu’on en peut habiter, plus d’autos qu’il n’est besoin pour se balader, plus de nourriture qu’on en peut avaler, la seule façon de s’enrichir encore c’est de priver ceux qui n’ont pas assez. »

« Un matin, elle descendit très tôt au salon, son pauvre estropié de chat sur le bras. Après la longue nuit de stupre les araignées se reposaient au bout de leur fil, et les premières lueurs du jour gisaient, éparpillées comme des débris de verre. On aurait dit un mausolée où des gens seraient venus pique-niquer. Et comme dans un mausolée l’air semblait épuisé. Un atome de poussière voltigeait silencieusement dans cet air confiné, immobile, comme un enfant malade dans une salle d’hôpital à qui on aurait dit de rester tranquille pendant que l’infirmière s’était endormie. »

Nelson Algren
, La rue Chaude, Gallimard, 1991, 10,37 euros, 336p.

La photographie est de l'américain Art Shay, auteur également de la fameuse photographie de Simone de Beauvoir nue qui s'est retrouvée - retouchée - en couverture d'un magazine français.