Bob Dylan, Blood On The Tracks, Colombia, 1975.
Début 1974 Dylan tourne avec The Band, puis il vit seul à New York et bosse avec le peintre Norman Raeben. Il donne deux concerts de soutien pour les victimes de la dictature au Chili durant lesquels il monte bourré sur scène avec les autres musiciens. En Septembre il enregistre à New York, avec Eric Weissberg (qui au final n'apparait quasiment pas sur l'album) et son groupe de country rendu célèbre avec le film Deliverance, ce qui deviendra plus tard, en partie, Blood On The Tracks.
Blood On the Tracks, l'album autobiographique de la séparation de Bob Dylan et Sara d'après les dylanologues, inspiré par des nouvelles d'Anton Tchekov, dixit Dylan lui même dans ses Chroniques Volume 1. Sûrement les trois à la fois, oui les trois et plus. Quoi qu'il en soit l'album traite de la séparation, des casseroles de souffrance, l'amertume, la mauvaise foi, les contradictions qu'on traîne alors derrière soi. Les aigreurs d'estomac qui peignent des grimaces au visage après un repas trop chargé. Dylan chante tout ça avec profusion de sang, d'orage et de pluie.
Le disque à été enregistré en deux temps après changement de programme de Dylan à la dernière minute : alors qu'il a donné son accord pour le mixage des enregistrements de New York et que les pochettes sont déjà pressées, il décide de mettre son frère dans le coup. C'est Phil Ramone qui est à la production avec les musiciens de Deliverance à New York. A Minneapolis, deux mois plus tard, le frangin de Dylan s'y colle avec Kevin Odegard, Chris Weber, Billy Peterson, Gregg Inhofer, Bill Berg, Peter Ostroushko et Jim Tardoff qui ne sont pas crédités sur la pochette de l'album. Ils réenregistrent Idiot Wind, You're A Big Girl Now, Tangled Up In Blue, Lily, Rosemary & The Jack Of Hearts, If You See Her Say Hello.
Les arrangements sommaires, sur la corde, entre acoustique et électrique et le ton uniforme font de Blood On The Tracks un album homogène. Dylan y chante avec une bonne voix, claire, celle qui se bloque quand il la force. Même si on pourra préférer la version des Bootleg Series Volume 1 pour Tangled Up In Blue et If You See Her Say Hello parce qu'elles sont plus cradingues, ou encore pour le Idiot Wind moins hargneux, plus triste et posé, il ne faut pas passer à côté de ces 10 soleils noirs. Et au bout de quelques écoutes, on se demande comment ne pas voir un peu de soi-même dans ce que dit ce gars ?