Akalmy, Dixit Records, 2010


Il y a quelques mois je recevais le service de presse du premier album d'Akalmy, un album qui serait loin des clichés actuels selon la brochure... Sur les photos les gars font ces signes de doigts que l'on peut voir sur la plupart des poses de rappeurs, des signes qui ont une origine ancrée dans le ghetto et les gangs de Los Angeles... que veulent-ils dire ici et maintenant à Nantes ? Que le Hip Hop répète des gestes et des clichés sans savoir d'où ils viennent, sans arriver à créer les siens propre, suivant sa géographie et son histoire, ou que l'histoire est la même pour tout le monde ? Ensuite toujours sur le service de presse, il y a une photo du groupe qui pose un peu à la façon des groupes de métal des années 80, tout cela est très codé et plutôt tape à l'œil et sonnera sûrement un peu de manière ridicule dans une décennie ou deux. La revendication, la vie trop dure et le constat d'un monde qui ne leur convient pas traverse chacune des chansons d'Akalmy. Les rapeurs ont 30 ans passé, mais les rengaines sont toujours les mêmes. Peut-être aussi parce que pas grand chose ne change et qu'il faut causer aux kids comme les hardos devaient, doivent, eux aussi, causer aux kids. Parce que ce sont eux qui achètent les disques, parce qu'on se sent investi d'une mission d'éducation ? Est-ce que le hip hop du point de vue des paroles ne gagnerait pas beaucoup à défocaliser un peu ?

Les quelques samples de musiques arabes apportent un peu de fraîcheur, mais ce n'est pas suffisant. On notera aussi une excursion raggamuffin, le hip hop n'est-il pas en partie né en Jamaïque ? Une guitare électrique rageuse se pointe sur Délétère... ça me rappelle Docteur Octagon qui avait fait le coup sur son excellent Dr Octagon:ecologyst (Mo Wax, 1996) un album qui contenait notamment un sample de Bela Bartok pour cette histoire de cheval et de fleurs bleues dans un hôpital. Le dernier album de rap qui m'a causé est celui d'Awal One & Factor. Le rap de Keny Arkana m'avait pas mal remué et il faut aussi qu'on parle de l'album de Nouvel R. Notons que pour ce qui est des clichés chez Akalmy on est loin de ceux du rap bling bling, mais on est encore dans les poncifs qui frôlent la caricature : rythmique en coup de feu, trois notes de piano, han han au micro, coeur gnan gnan... Dommage, car des instrumentaux comme Interstice laissent entrevoir une possibilité de s'échapper. American Dream, le morceau le plus réussi de l'album, donne des éléments de réponses aux questions posées plus haut.

Akalmy, American Dream (Feat B.Real de Cypress Hill & Young De)