Jean Louis Murat, Lilith, Virgin, 2003


Envoûtant est le mot pour les productions de Jean Louis Murat. Dès les premières notes, les premières paroles des jours du Jaguar il pose son manteau sur l'endroit d'où on l'écoute. C'est sûrement aussi - laissons de côté la voix - dans les rythmiques et le réglage des guitares que Murat obtient cette impression de cocon qui caractérise sa production : Rondeur de la guitare solo, aigu et nonchalance de la guitare rythmique ; le Fender Rhodes, l'orgue les cuivres, la batterie en retrait alors qu'on l'entend parfaitement tout cela sûrement longuement paufiné participe grandement à l'effet.

Lilith est un double album. Le premier disque est plutôt rock - on retrouve avec Le mou du chat l'ambiance des chanson fleuve de Vénus - le deuxième cd s'ouvre sur les cordes (avec un vrai orchestre en dur) de Se mettre aux anges. Le cocon s'épaissit. Sur Quelle est cette fille Murat casse un peu sa voix en montant, à la manière de Gérard Manset (1). Le riff d'Emotion branché outre atlantique risque de hanter longtemps la partie du cerveau qui enclenche le freudonnement... l'épurée contentement de la Lady (qui pourra en agacer certains...), l'imparable Voleur de rhubarbe et sa guitare folk américaine a quelque chose de Neil Young. On ressort de là un peu groggy, mais rassasié.

Jean Louis Murat, Le cri du papillon sur un vidéo clip d'Édouart Deluc.






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(1) On se rappellera d'ailleurs que l'on peut entendre sa reprise d'Entrez dans le rêve sur l'album Routes (EMI, 2004) .