Bernard Santacruz, Lenox Avenue, Rude Awakening, 2008



Bernard Santacruz nous invite à une promenade en compagnie de sa contrebasse. Pas trop bavard, le gazier demande de l'attention, il répète juste ce qu'il faut ces quelques notes de Lenox Avenue pour que ça groove sans taper dans l'oreille. Il fait sûrement quelques clins d'oeil par-ci par-là et peu importe qu'on les saisisse ou pas, par delà le clin d'oeil il y a le regard que Bernard Santacruz porte sur la promenade. Un chemin parfois ardu, mais pour qui grimpe avec le monsieur le paysage est au rendez-vous. L'attention que l'auditeur voudra bien porter aux douze titres de Lenox Avenue lui sera rendue en émotion.

C'est un exercice solitaire même si Bernard Santacruz surexpose les prises dans Koniec où il se sert de l'archet sur une piste et pince sur une autre. Je mets quiconque au défi de rester froid à l'écoute de Koniec, un peu fort, sur une bonne platine. Ou encore de rester insensible au groove de Lenox Avenue qui ouvre l'album. Et ce Nanna d'Amore qui s'en va par sa puissance évocatrice rejoindre le chant humain comme le fredonnement d'une belle chanson d'amour forcément un peu triste... Ce Léo S. qui sonne comme une suite pour violoncelle solo de Jean Sébastien Bach bourré, un soir de XXI ème siècle avec un violoncelle bien trop grand. La course poursuite d'Alice S. qui fiche le tournis... M'étonne pas que Bernard Santacruz ait commencé par le rock alternatif, puis étudié avec Charlie Haden et Ron Carter pour enregistrer ses 12 perles entre 2003 et 2006.

C'est un excellent hymne à la contrebasse que le label Rude Awakening nous propose là.

Bernard Santacruz & Les 3 Question du Dj Duclock

Bernard Santacruz a répondu aux 3 questions du Dj Duclock par l'intermédiaire d'Internet.

Dj Duclock : Que lis tu en ce moment ?

Bernard Santacruz : En ce moment je lis un livre de Rafi Zabor qui est percussionniste et journaliste New-Yorkais. Ça s'appelle "Un ours à "Manhattan". C'est une fiction qui se passe au Etats-Unis dans le monde du jazz. Le héros est un ours , très bon saxophoniste qui devient une légende pour cette musique. Beaucoup d'humour décalé et une vraie peinture du milieu du jazz dans ce pays...
J'aime beaucoup aussi les écrits de Paul Auster et de Toni Morrison....

Dj Duclock : Qu'écoutes tu comme musique ces derniers temps, l'album qui tourne sur la platine ?

Bernard Santacruz : J'écoute énormément de musique. J'ai toujours été curieux de la multitude d'approches de la musique sur notre petite planète. Toutes les musiques ethniques (avec un faible pour les musiques soudanaises et pakistanaises) m'intéressent. Le jazz sous toutes ses formes depuis que je suis ado... Avec une grande admiration pour les "libres penseurs" de ces musiques.... J'adore Bach, Bartok, Ravel, Debussy, Fauré etc. Nos enfants nous tiennent informés des nouvelles formes et tendances des musiques actuelles.
Hier sur la platine il y avait un cd du trio du contrebassiste Henry Grimes : THE CALL, du début des années soixantes ; exemplaire !
Avant hier j'ai réécouté les quatuors à cordes de Bartok.

Dj Duclock : Qu'est-ce qui t'as surpris dernièrement... Quand as tu été surpris pour la dernière fois ?

Bernard Santacruz : Depuis trois mois, à la demande de Rude Awakening, j'ai ouvert une page sur myspace... Je suis sidéré par le nombre de musiciens talentueux, avec quelque chose à apporter à la musique... Le nombre de projets qui tiennent la route... Le nombre de points de vues artistiques originaux souvent soutenus par une vraie réflexion et une technique instrumentale de grand niveau... Je continue à découvrir tous les jours des groupes ou des musicien(ne)s qui donnent envie de collaborations artistiques....

Merci Bernard. Il ne nous reste plus qu'à nous tenir au courant des futures collaborations artistiques. En attendant je vais aller me rejouer Lenox Avenue, il y a des albums dont on ne peut pas se lasser.

Voici Bernard Santacruz en trio avec Véronique Mula et Samuel Silvant. Enregistré à Jazz à la yourte.