Hubert Tézenas se souvient de cet air....


Hubert Tézenas était l'invité de Fais pas ta rosière pour la sortie de son premier roman L'or du Quipapa chez l'Écailler. Traducteur (Mo Hayder, Robert Crais, Edney Silvestre, James Sallis...) Il est en Garde à Vue dans L'Indic n°15 qui vient de sortir chez Fondu Au Noir. Aujourd'hui il se souvient de cet air...

C'était en 97 et je rentrais enfin chez moi. Il faisait chaud, il faisait beau. Mauricio et sa danseuse de flamenco m'ont récupéré à l'aéroport et ramené à Janga en traversant Recife puis Olinda pied au plancher. Les eaux brunes s'étaient retirées de la rue, on pouvait entrer dans le jardin par la porte, plus besoin d'escalader le jambosier du fond. Ma chienne m'a fait la fête, tout le monde a trinqué. Le bougainvillier avait doublé de volume, les hibiscus explosaient en courtes flammes orangées, les lauriers roses frissonnaient sous la brise marine qui tournoyait à travers ma maison. Écoute ça, a dit Mauricio en lançant sur la chaîne, à fond, un morceau qui s'est mis à enfler comme un roulement de tonnerre contre les briques blanches et le ciment rouge. C'était Lenine et il chantait Candeeiro Encantado. Un morceau de guerre pour un moment de paix. C'était joyeux. C'était nouveau. C'était parfait.