J'ai découvert Suttree, en ponctuation de ma lecture de la La trilogie des confins. L’écriture et l’ambiance, différentes, s’attardent moins sur la nature et les paysages. Ils sont présents mais bien plus sombres, puisque pris dans la ville. S’il fallait trouver un lien de parenté à ce roman, parmi les autres ouvrages de McCarthy, je le rapprocherais d’Un enfant de Dieu.
Les rues de Knoxville, ses mendiants, ses « aboyeurs de Dieu » et toute une humanité infirme transparaissent par les yeux de Suttree, miséreux comme les autres (mais qui a quitté une famille que l'on suppose aisée), vivant dans sa cabane au bord de la rivière, à gagner quelques sous contre des poissons. Tennesse, dans les années 50 : « Campement des damnés. Alentours ou peut-être de suppurants lépreux rôdent sans clochette. (...) Un carnaval de formes dressées dans la vallée qui a tari la sève de la terre à des lieux à la ronde. » Une biture de temps en temps – difficile de faire autrement dans cette société, surtout quand on a envie de partager avec ses potes. Car l’amitié tient une grande place dans la vie de Suttree. Il connaît un peu tout le monde et notamment Harrogate, un doux dingue qui violait les pastèques dans un champ...
La lecture de Suttree n’est pas facile, il faut trouver un souffle, un liant entre ses chapitres autonomes. L’histoire se déploie petit à petit, rythmée par les saisons, le temps qui passe, la chaleur, la neige, le froid glacial... éléments primordiaux d’un récit également habité par l’image du double. « Le visage en camée de Suttree dans la vitre noire le regardait par-dessus son épaule éclairée par la lampe. Il se pencha et souffla sur la flamme, son double, son image au-dessus de lui. »
La solitude entoure Suttree et la mort l’obsède. Quand il connaît l’amour et le confort, la honte s’empare de lui. Il côtoie une vieille sorcière noire et quand il craque il part se perdre dans la montagne pour expérimenter la folie.
Suttree le portrait d’un homme sans esbroufe, un homme qui s’évertue simplement à être droit et fuit la « chasseresse » et ses chiens « bêtes sauvages aux yeux fous d’une faim dévorante pour les âmes de ce monde. »
Cormac McCarthy, Suttree (1979), Points 2008, 8,50 euros, 619 p.
Les rues de Knoxville, ses mendiants, ses « aboyeurs de Dieu » et toute une humanité infirme transparaissent par les yeux de Suttree, miséreux comme les autres (mais qui a quitté une famille que l'on suppose aisée), vivant dans sa cabane au bord de la rivière, à gagner quelques sous contre des poissons. Tennesse, dans les années 50 : « Campement des damnés. Alentours ou peut-être de suppurants lépreux rôdent sans clochette. (...) Un carnaval de formes dressées dans la vallée qui a tari la sève de la terre à des lieux à la ronde. » Une biture de temps en temps – difficile de faire autrement dans cette société, surtout quand on a envie de partager avec ses potes. Car l’amitié tient une grande place dans la vie de Suttree. Il connaît un peu tout le monde et notamment Harrogate, un doux dingue qui violait les pastèques dans un champ...
La lecture de Suttree n’est pas facile, il faut trouver un souffle, un liant entre ses chapitres autonomes. L’histoire se déploie petit à petit, rythmée par les saisons, le temps qui passe, la chaleur, la neige, le froid glacial... éléments primordiaux d’un récit également habité par l’image du double. « Le visage en camée de Suttree dans la vitre noire le regardait par-dessus son épaule éclairée par la lampe. Il se pencha et souffla sur la flamme, son double, son image au-dessus de lui. »
La solitude entoure Suttree et la mort l’obsède. Quand il connaît l’amour et le confort, la honte s’empare de lui. Il côtoie une vieille sorcière noire et quand il craque il part se perdre dans la montagne pour expérimenter la folie.
Suttree le portrait d’un homme sans esbroufe, un homme qui s’évertue simplement à être droit et fuit la « chasseresse » et ses chiens « bêtes sauvages aux yeux fous d’une faim dévorante pour les âmes de ce monde. »