Captain Blood de Michael Blodgett


Avis aux amateurs de bizarreries. Captain Blood fait partie des romans dont on ne sait pas forcément s’il est bon ou non, agréable ou pas. La virée que le lecteur effectue aux côtés de ce bon samaritain alcoolique a un parfum étrange. Tour à tour drôle, puis lassant, et enfin glaçant, ce Captain surprend résolument. Alcool donc, mais aussi sexe, drogue et violence jalonnent le parcours imposé par ce type parti pour aider et avoir prise sur les événements. Mais, au fur et à mesure, ses tendances paranos et violentes prennent le dessus et les bonnes intentions se transforment en solutions radicales. Pas bon pour l’arnaqueur en électro-ménager dont la plaque d’immatriculation fait POPOL 22 CM ; le caïd de la drogue nain et l’amante envahissante. Ni plus ni moins qu’un instantané de l’Amérique des années 70, où une adolescente se drogue et se prostitue, et il ne fait pas bon être Noir quand on croise la route des G.O.B. (Good Old Boys) du Sud.

Captain Blood est un roman particulièrement bien écrit (traduit par Jean-Paul Gratias) et construit, l’alternance entre flashbacks et présent plonge le lecteur dans le même état hallucinatoire que celui dans lequel Captain sombre petit à petit. Une curiosité à essayer pour juger sur pièces. L'auteur, Michael Blodgett, a été acteur (chez Mankiewicz et Russ Meyer...) et scénariste, en plus d'auteur. Il est mort en 2007, laissant deux autres romans jamais traduits en français.

Michael Blodgett, Captain Blood, Rivages/Noir, 1994, 10,40 euros, 566p.