Considération n°14



J'emmène souvent des classiques en vacances... Shakespeare toujours, où je suis sûr de trouver de la matière à rêver et à réfléchir. Depuis que j'ai trouvé un exemplaire de la Pléiade - le tome 2 avec des comédies et des tragédies - je sais quel bouquin j'emmène sur l'île déserte. Cet été il y a eu Marivaux aussi avec ses pièces aux scènes concises et rapides, comme une sitcom du XVIIIème siècle, avec le jeu des sentiments combinés aux stratagèmes. Parmi ces classiques lus en vacances il y avait Discours sur l'universalité de la langue française de Rivarol publié en 1784. Et parmi les paragraphes de ce discours - après avoir posé que "ce qui n'est pas clair n'est pas français" - celui-ci :

LXVII. Il est arrivé de là que la langue française a été moins propre à la musique et aux vers qu'aucune langue ancienne ou moderne ; car ces deux arts vivent de sensations ; la musique surtout, dont la propriété est de donner la force à des paroles sans verve, et d'affaiblir les expressions fortes : preuve incontestable qu'elle est elle-même une puissance à part ; et qu'elle repousse tout ce qui veut partager avec elle l'empire des sensations. Qu'Orphée redise sans cesse : J'ai perdu mon Eurydice, la sensation d'une phrase tant répétée sera bientôt nulle, et la sensation musicale ira toujours croissant. Et ce n'est point, comme on l'a dit, parce que les mots français ne sont pas sonores, que la musique les repousse ; c'est parce qu'ils offrent l'ordre et la suite, quand le chant demande le désordre et l'abandon. La musique doit bercer l'âme dans le vague et ne lui présenter que des motifs. Malheur à celle dont on dira qu'elle a tout défini ! les accords plaisent à l'oreille par la même raison que les saveurs et les parfums plaisent au goût et à l'odorat.

qui rejoint un peu l'un des points soulevé dans En français dans le texte une réflexion du 29 Juillet.

Septembre est là, une nouvelle rentrée. Miossec sortira Finisterien le 14 Septembre produit par Yann Tiersen, on attend, haletant. J'ai enfin trouvé une nouveauté en rap qui tient sacrément bien la route Awol One & Factor, une musique et un chant grave et touchant, à des milliers de bornes de la daube actuelle qui gangrène la plupart des productions hip hop. Voici un tube des gaziers enregistré en 2007 pour l'album Only Death Can Kill You (Twentyfourseven / Cornerstone) :

Awol One & Factor, Sunday Morning.



On parlera sous peu de l'album Owl Hours que vous pouvez déjà trouver dans les bacs. En Octobre Bob Dylan sortira un album de chansons de Noël au profit d'une association caritative américaine, la chose devrait s'intituler Christmas In The Heart. Il devrait aussi enregistrer sa voix pour une compagnie qui fait des GPS, ainsi vous pourrez entendre le Zimm en hôtesse de route ; The Times They Are A Changing... Remarque ça fait depuis une dizaine de jours que j'écoute du Prince.