J’ai trouvé ce roman un peu déroutant. Ce n'est pas désagréable, mais une dimension m’a échappé, je pense. En tout cas certains passages m’ont clairement paru longs, peut-être nécessaires, mais aussi répétitifs. D’autres sont complètement barrés, mystiques, évidents, mais ça c’est facile à dire en 2008 alors que le roman a été écrit fin des années 80.
Daniel est un enfant éduqué en marge de la société officielle et codifiée par sa mère, personnage haut en couleurs ! Acoquinée à un révolutionnaire alchimiste, elle meurt dans un accident douteux. L’AMO va prendre le relais et s’occuper de Daniel. Cette société secrète, faite de bandits et magiciens, prône une éducation et des modes de vie alternatifs. Ces hors-la-loi qui transgressent, hostiles à des contraintes en lesquelles ils ne croient pas et oeuvrent pour un autre monde, vont faire faire l’école buissonnière à Daniel. Apprendre la patience, le temps, le transformisme, le cambriolage, et le poker.
« - Je vais te dire, Daniel, rien n’est jamais sûr. Tiens, une fois, j’étais à Waco pour une partie de Draw à cinq cartes – on jouait avec le joker et j’ai vu une main de cinq as se faire battre, le gars a tout perdu. - Attendez deux secondes, là, fit Daniel, rien ne peut battre cinq as. L’autre gars, il avait quoi, dans sa main ? - Smith et Wesson. Un trente-huit, je crois. »
Aventure au long cours, sur la route et dans la nature, au bord d’un lac ou dans une ferme, qui fait grandir Daniel par la transmission des savoirs et compétences de ses guides, occasion de remarques liées au fonctionnement de notre société. Daniel tâtonne et l’on comprend que chacun de nous possède une aptitude qu’il devrait pouvoir prendre le temps de développer pour trouver sa voie. Mais les profonds sillons creusés par la société ne permettent pas ce processus. Et attention à quiconque s’en écarte.
« La connaissance et les technologies émergent toujours avant notre capacité à en saisir les conséquences. Accélérateurs linéaires, réacteurs à neutrons – que font-ils si ce n’est tout accélérer au-delà de l’entendement, tout en accumulant des matériaux mortellement dangereux, de toutes sortes et dans des quantités dépassant largement les critères de la nature ? C’est la folie de la cupidité et du pouvoir, comme l’accumulation d’or, et tant de pouvoir entre les mains de si peu de gens pourrit le coeur. Il faut que nous mettions le holà, que nous mettions le holà et réfléchissions sérieusement aux conséquences découlant de la possession de tant d’énergie, et à ce que signifierait un tel déferlement. »
Il a les épaules bien chargées, ce garçon qui devient adulte, obsédé par la volonté de venger la mort violente de sa mère ; de découvrir ce qui s’est vraiment passé. Quête et enquête se mêlent, et l’on suit les désirs d’absolu et de perfection, de savoir des uns et des autres. Attention, la magie rôde, accompagnée de sa copine l’invisibilité, et de sa mère l'imagination.
« Les patrons de ce monde ne peuvent rien te faire que tu ne puisses les empêcher de faire. Nous nous méritons tous nous-mêmes. »
Le roman est préfacé par Thomas Pynchon. Au final, c’est une curiosité à lire, pour ma part même à relire. Un peu plus tard.
Jim Dodge, Stone Junction, Le cherche midi/Lot 49, 2008, 22 euros, 555 p.
Daniel est un enfant éduqué en marge de la société officielle et codifiée par sa mère, personnage haut en couleurs ! Acoquinée à un révolutionnaire alchimiste, elle meurt dans un accident douteux. L’AMO va prendre le relais et s’occuper de Daniel. Cette société secrète, faite de bandits et magiciens, prône une éducation et des modes de vie alternatifs. Ces hors-la-loi qui transgressent, hostiles à des contraintes en lesquelles ils ne croient pas et oeuvrent pour un autre monde, vont faire faire l’école buissonnière à Daniel. Apprendre la patience, le temps, le transformisme, le cambriolage, et le poker.
« - Je vais te dire, Daniel, rien n’est jamais sûr. Tiens, une fois, j’étais à Waco pour une partie de Draw à cinq cartes – on jouait avec le joker et j’ai vu une main de cinq as se faire battre, le gars a tout perdu. - Attendez deux secondes, là, fit Daniel, rien ne peut battre cinq as. L’autre gars, il avait quoi, dans sa main ? - Smith et Wesson. Un trente-huit, je crois. »
Aventure au long cours, sur la route et dans la nature, au bord d’un lac ou dans une ferme, qui fait grandir Daniel par la transmission des savoirs et compétences de ses guides, occasion de remarques liées au fonctionnement de notre société. Daniel tâtonne et l’on comprend que chacun de nous possède une aptitude qu’il devrait pouvoir prendre le temps de développer pour trouver sa voie. Mais les profonds sillons creusés par la société ne permettent pas ce processus. Et attention à quiconque s’en écarte.
« La connaissance et les technologies émergent toujours avant notre capacité à en saisir les conséquences. Accélérateurs linéaires, réacteurs à neutrons – que font-ils si ce n’est tout accélérer au-delà de l’entendement, tout en accumulant des matériaux mortellement dangereux, de toutes sortes et dans des quantités dépassant largement les critères de la nature ? C’est la folie de la cupidité et du pouvoir, comme l’accumulation d’or, et tant de pouvoir entre les mains de si peu de gens pourrit le coeur. Il faut que nous mettions le holà, que nous mettions le holà et réfléchissions sérieusement aux conséquences découlant de la possession de tant d’énergie, et à ce que signifierait un tel déferlement. »
Il a les épaules bien chargées, ce garçon qui devient adulte, obsédé par la volonté de venger la mort violente de sa mère ; de découvrir ce qui s’est vraiment passé. Quête et enquête se mêlent, et l’on suit les désirs d’absolu et de perfection, de savoir des uns et des autres. Attention, la magie rôde, accompagnée de sa copine l’invisibilité, et de sa mère l'imagination.
« Les patrons de ce monde ne peuvent rien te faire que tu ne puisses les empêcher de faire. Nous nous méritons tous nous-mêmes. »
Le roman est préfacé par Thomas Pynchon. Au final, c’est une curiosité à lire, pour ma part même à relire. Un peu plus tard.