DOA, Le serpent aux mille coupures

J'avais découvert DOA avec Citoyens Clandestins, mélange réussi du genre de rythme et d’histoire que savent créer les anglo-saxons, allié à une spécificité française qu’il conviendrait de définir.

Dans Le serpent aux mille coupures, la spécificité se repère tout de suite : Moissac, les coteaux à chasselas. Bien plus qu’un paysage pittoresque, ce Sud-Ouest prête au roman de DOA des personnages de paysans hostiles à l’étranger du village. Des hommes solidaires, pas antipathiques mais sans guère d’autre préoccupation que celle de leurs terres. Alors un Noir dans le paysage, en couple avec une fille du coin... En plus de ce côté terroir (tiendrait-on là un polar régional ?) DOA réussit une improbable importation de trafiquants de drogue venus d’Espagne et de Colombie, doublée de l’apparition d’un motard en combinaison noire. Echanges de coups de feu, flics en émoi, les petites préoccupations locales se retrouvent dans une enquête d’envergure. Ce mélange, court et allant à l’essentiel (quand Citoyens Clandestins se dispersait trop ou usait de ficelles parfois grosses), fait la réussite du roman. Nous tenons là un véritable entertainer, car c’est bien ce mot américain qui définit ce que seul DOA, me semble-t-il, arrive à faire dans le paysage du polar français. Nous distraire avec maîtrise, tirant de ses veilles documentaires tous les échos de l’actualité qui donnent matière à son histoire. Jusqu’à ce final en cerise sur le gâteau. Pur plaisir.

DOA, Le serpent aux mille coupures, Série Noire, 2009, 15,90 euros, 216p.