Cercle ou pré carré ?


Je me promène souvent sur différents blogs et forums pour y piocher analyses et idées d’horizons variés. Depuis un certain temps, des discussions convergent autour du thème de la critique et des blogs littéraires : ceux qui écrivent sur des blogs et se prennent pour des critiques, l’art de la critique négative, la responsabilité de la critique, la mort de la critique...
Sur le blog d’Antoine Chainas quelques auteurs discutent via les commentaires, Stalker disserte de la critique littéraire sur le net et il y revient plusieurs fois, Anne Sophie Demonchy parle des blogueurs et de la difficulté de trouver des critiques négatives dans la presse, Wrath lui fait écho, Claro croise la question, Fausto Maijstral la précise... Il arrive qu'on retrouve la question sur des forums. Des pensées qui communiquent, souvent sans le savoir.

Ces discussions ont lieu à différents niveaux, chacun parlant de sa perception, de sa position - d'auteur, de critique, de blogueur. Je n'ai ici aucune intention de me mesurer à la qualité propre à pas mal de ces échanges, et pour ma part ne me qualifie en rien de critique. Sans lien avec les tenanciers de ces blogs - autre que celui de visiteuse - je les vois de loin, assez proches de symboliser un microcosme qu'ils représentent pour certains sans doute sans s'en rendre compte. Plus ou moins acteurs du monde littéraire, chacun dans son champ.

Après la prolifération des forums, où une discussion directe pouvait être envisagée, l’explosion des blogs et sites individuels n'a effectivement pas vraiment installé un dialogue. L'éclatement entretient un certain isolement. Est-il vraiment nouveau ? Fausto Maijstral recoupe ces questions, et explique qu’« à travers un blog, plus que de livrer ses états d’âmes, on peut créer une sorte de communauté et lancer des discussions à travers les commentaires mais aussi de blogs à blogs » mais que justement cette communauté n’existe pas. Ce manque de communication, de dialogue, on peut le constater dans d'autres lieux. Jusque dans les mails, qui restent parfois sans réponse tellement cet instrument est devenu facile. Le petit effort pour s'intéresser aux autres. Prendre le temps. Etre curieux.

Internet et son hypothétique communauté littéraire fonctionnent comme bien des milieux, avec des cercles isolés les uns des autres, les transversales se faisant trop rarement. Soit qu’on ne lit pas le même genre, soit qu’on méprise le voisin et qu'on cherche la meilleure phrase pour l'assassiner (spécificité française dit Fausto), soit qu’on ne sort pas de son domaine. Pour susciter des discussions, ne faut-il pas changer parfois ses habitudes ? Résultat, comme pour beaucoup de choses, nous sommes tous isolés dans un coin, plus soucieux de ce qui nous différencie que de ce qui nous rapproche. En attendant je me régale grâce à chacun de ces blogs, et de tant d'autres. Faites-vous votre opinion.

Vu : Bustos (Les ruines circulaires) répond à Fausto (Tabula Rasa)