« Nous sommes des loups, chantonne intérieurement
Cutter.
Nous ne cherchons pas les faibles.
Nous ne tuons pas les lambins.
Nous dévorons simplement
tout ce qui bouge, putain. »
La réponse est littéralement là
dans les cartes.
Si vous regardiez
vous verriez quatre hommes
qui jouent de la musique classique
avec des cartes en guise d’instruments
et au bout du compte
la chanson de Cutter et Blue
est juste un peu plus suave.
Souvent, les maisons d’édition annoncent leurs nouvelles parutions à grand renfort de superlatifs finissant par ne plus rien vouloir dire. Combien de fois a-t-on vu émerger la « nouvelle révélation » au « style incisif » qui « révolutionne le genre » ?
Crocs de Toby Barlow, même s’il n’est pas sans défauts, a été salué pour l’originalité de sa plume. Un roman en vers forcément, ça dénote. Et il s’agit d’être à la hauteur. Un effet si marqué, il ne faut pas le rater.
Je ne suis pas une spécialiste de la poésie, et j’appréhendais un peu que l’auteur ne verse dans la facilité et nous colle des rimes à chaque fin de phrase. Il n’en est rien. En fait l'auteur s'est contenté de couper ses phrases par-ci par-là, donnant un souffle différent à la lecture. Le rythme et le style nécessitent à peine quelques pages d’acclimatation. On découvre alors Anthony, son nouveau boulot au chenil et ces hommes qui se comportent en meute, gangsters d’un nouveau genre. A moins que ce ne soient des chiens qui ressemblent à des hommes.
Sur le dessus du panier il y a le chef de meute, celui qui recrute les nouveaux dans la faune des désespérés errants et choisi une chienne pour équilibrer l’ensemble. Ainsi une vie nouvelle leur est offerte, un retour à l’état semi-sauvage et aux comportements primitifs. Loups-garous modernes, organisés et libres de se transformer à volonté, sans besoin d’attendre la pleine lune.
Quoi d’étonnant à ce monde de chiens en plein Los Angeles ? Entre plans de conquête, d’élimination de l’adversaire, de trahison et de vengeance, Toby Barlow joue avec le fantastique, l’horreur et le noir. La galerie de personnages, avec le flic Peabody ébahit au milieu de ce champ de bataille, Mr Venable le trafiquant qui zozotte, Cutter et Blue les champions de bridge, installe une forte ambiance cinématographique. Le lecteur risque de se frotter les canines une fois le bouquin refermé, se demandant dans quelle voie l’auteur a bien voulu l’emmener.
Crocs est un premier roman surprenant, certainement Toby Barlow sera observé avec soin à la sortie du prochain.
Voilà qui m’a donné envie de chercher des romans en vers ; Barlow n’est pas le premier dans le genre. Il semble y avoir de quoi faire du côté d’Alexandre Pouchkine, Amoz Oz avec Seule la mer, ou Vikram Seth avec un Golden Gate pas encore traduit en français.
Toby Barlow, Crocs, Grasset, 2008, 18,90 euros, 374p.
Crocs de Toby Barlow, même s’il n’est pas sans défauts, a été salué pour l’originalité de sa plume. Un roman en vers forcément, ça dénote. Et il s’agit d’être à la hauteur. Un effet si marqué, il ne faut pas le rater.
Je ne suis pas une spécialiste de la poésie, et j’appréhendais un peu que l’auteur ne verse dans la facilité et nous colle des rimes à chaque fin de phrase. Il n’en est rien. En fait l'auteur s'est contenté de couper ses phrases par-ci par-là, donnant un souffle différent à la lecture. Le rythme et le style nécessitent à peine quelques pages d’acclimatation. On découvre alors Anthony, son nouveau boulot au chenil et ces hommes qui se comportent en meute, gangsters d’un nouveau genre. A moins que ce ne soient des chiens qui ressemblent à des hommes.
Sur le dessus du panier il y a le chef de meute, celui qui recrute les nouveaux dans la faune des désespérés errants et choisi une chienne pour équilibrer l’ensemble. Ainsi une vie nouvelle leur est offerte, un retour à l’état semi-sauvage et aux comportements primitifs. Loups-garous modernes, organisés et libres de se transformer à volonté, sans besoin d’attendre la pleine lune.
Quoi d’étonnant à ce monde de chiens en plein Los Angeles ? Entre plans de conquête, d’élimination de l’adversaire, de trahison et de vengeance, Toby Barlow joue avec le fantastique, l’horreur et le noir. La galerie de personnages, avec le flic Peabody ébahit au milieu de ce champ de bataille, Mr Venable le trafiquant qui zozotte, Cutter et Blue les champions de bridge, installe une forte ambiance cinématographique. Le lecteur risque de se frotter les canines une fois le bouquin refermé, se demandant dans quelle voie l’auteur a bien voulu l’emmener.
Crocs est un premier roman surprenant, certainement Toby Barlow sera observé avec soin à la sortie du prochain.
Voilà qui m’a donné envie de chercher des romans en vers ; Barlow n’est pas le premier dans le genre. Il semble y avoir de quoi faire du côté d’Alexandre Pouchkine, Amoz Oz avec Seule la mer, ou Vikram Seth avec un Golden Gate pas encore traduit en français.
Toby Barlow, Crocs, Grasset, 2008, 18,90 euros, 374p.