Coronavirus en France : Haro sur les libertés




"On ne peut pas vivre sans liberté, c'est certain. On ne peut pas vivre sans liberté mais dans l'esprit même de la déclaration des droits de l'Homme de 1789 la liberté n'a jamais été considérée comme absolue. Et donc je pense que pour des raisons on va dire d'ordre public on peut toujours bien entendu atténuer ces libertés."
Nicole Belloubet, ministre de la justice sur France Inter le Jeudi Mars 2020.


Le contrôle mis en place et les pistes de contrôle (notamment la géolocalisation) auxquels le gouvernement réfléchit sont dangereux -  c'est un euphémisme - pour les libertés individuelles. 

Depuis le 17 mars avec l'état d'urgence sanitaire nous ne vivons plus dans un état de droit. La France n'est plus une démocratie. Les droits de l'Homme comme la Constitution française ne sont plus respectés. Sous la sidération, le peuple semble dans un premier temps avoir dans sa majorité accepté les contrôles et les amendes massives. Quinze jours après, les effets de la sidération passent. Il faut une prise de conscience face au danger. Après l'état d'urgence sanitaire, à quoi aurons-nous le droit ? Un état d'urgence économique ?

Tout le monde ne vit pas le confinement de la même façon. Tout le monde n'a pas de drone ou d'hélicoptère dans le ciel. Tout le monde ne vit pas dans un environnement salubre et spacieux. L'épidémie actuelle, comme toutes les crises,  met en avant les nombreuses inégalités de notre société. Mais tout le monde risque de faire les frais d'une surveillance accrue. De plus en plus de personnes seront confrontées à l'arbitraire qui s'est installé avec l'application de l'état d'urgence sanitaire. Le confinement serait-il moins respecté sans les amendes ? À quoi sert cette attestation dérogatoire que nous devons remplir (certains s'y refusent d'ailleurs : Renaud de Bellefon ne veut plus présenter son attestation de circulation) ? 

On se souvient de l'état d'urgence face au terrorisme, qui devait être l'exception et qui est en grande partie passé dans le droit commun. Ces lois servent maintenant à réprimer et surveiller les mouvements sociaux et les écologistes. 

Les solutions qui sont envisagées à l'heure actuelle servent-elles vraiment la lutte contre une épidémie ou servent-elles un contrôle social de plus en plus accru ? Sur le sujet Girogio Agamben était clair sur France Inter ce midi.

Heureusement la liberté de la Presse et la liberté d'expression ne semblent pas, comme en Hongrie, être attaquées. La dernière saillie venait de la loi sur les fake news. Est-ce une question de temps ? Là aussi il va falloir être vigilant. Mais plus que la vigilance il faut une prise de conscience massive et un refus de voir nos libertés rognées. 

C'est avant tout d'un système de santé avec des moyens dont nous avons besoin, pas de drone, d'amendes, de policiers ou d'hélicoptères pour surveiller et punir nos déplacements. 



Emeric Cloche.

Ressources :

Giorgio Agamben : « L’épidémie montre clairement que l’état d’exception est devenu la condition normale » dans Le Monde.

Épidémie : Les libertés publiques sont-elles menacées ? sur France Inter.