Catherine Dô-Duc se souvient de cet air

TC MATIC PUTAIN PUTAIN
Red Eyes


Catherine travaille dans l'édition et s'occupe du site Le Blog du Polar de Velda. Sur les salons vous la reconnaitrez facilement grâce à ses lunettes rouges et son érudition. En ce Dimanche elle se souvient de cet air...

En 1984, je venais de reprendre ma liberté, je louais un petit appart près de la Mairie du XVIIIe. Je n'avais pas encore pu rapatrier ma chaîne hifi, et je me contentais d'un épouvantable radio K7. Un samedi matin, je sortais de la douche, il faisait beau, le Sacré-Coeur par la fenêtre, tout blanc sur fond de ciel bleu. On était en plein boom des radios libres, et la mienne s'appelait La voix du lézard. Je buvais mon café, tranquille, quand est sorti du bazar à K7 un son tellement sale, tellement culotté qu'il fallait absolument monter le son à fond, c'était trop bon. "Putain, Putain, c'est vachement bien, nous sommes quand même tous des Européens", éructait un type à l'accent à couper au couteau, sur fond de coups de marteau et de basse grondante. Avec, autour, des paroles aussi surréalistes qu'internationales. Un groupe belge, TC Matic, dont la moitié T comme Tjens dans Hintjens, se prénommait Arno. Des belges punks surréalistes. Des centaines de concerts plus tard, l'homme Arno n'a rien lâché, même sans le C de TC Matic. Ce morceau-là, c'est ma liberté, toujours.