Promenons-nous dans les bois...

... tant que l'aéroport n'y est pas.

Samedi à Notre-Dame-des-Landes, dans la forêt de Rohanne, il y a du monde même si les principaux accès sont bloqués par les "forces de l'ordre". Il suffit de garer sa voiture, de marcher environ 3, 4 ou 5 kilomètres pour pénétrer dans à la Zone À Défendre.

Après une marche sur les routes, les sentiers et dans les bois nous sommes un petit groupe bloqué devant un cordon d'hommes casqués ; des gens qui occupent la zone, des paysans, des curieux.
Des personnes boivent un verre de vin ; on fait tourner les gâteaux. Derrière la ligne de Gendarmes on entend les machines, une tronçonneuse et parfois des gens qui crient. Des grenades assourdissantes explosent, le vent apporte de temps en temps un léger fumet de gaz lacrymogène.
À côté de nous, au sol, une personne échange en espagnol avec une des cinq personnes perchées tout en haut d'un arbre. Derrière nous un paysan dit "voilà, on dit que ce sont des étrangers. En attendant eux ils sont là pour nous aider, ils nous défendent. Ça s'appelle de la solidarité, oui, c'est ça la solidarité." Et en effet on pense à toutes ces plaquettes de communication de divers partis politiques qui vantent le "vivre ensemble", "le lien social", "la solidarité" etc. Ici ce n'est pas sur papier, c'est en vrai : des français de tous âges, de tous horizons, qualifiés de "radicaux", de "kystes" (par Manuel Valls), de "forces ultra-minoritaires" (par Jean-Marc Ayrault), et fortement soutenus par des agriculteurs locaux, qui eux se font crever les pneus de leurs tracteurs par les "forces de l'ordre".




Pour celles et ceux qui veulent se tenir au courant de ce qui n'est pas rapporté dans les médias principaux, rendez-vous sur le site de la ZAD où vous trouverez de nombreuses informations. Votre navigateur risque de vous avertir que le site que vous allez visiter n'est pas sûr... effectivement vous y découvrirez tout un monde.

Voici le communiqué publié sur le site de la ZAD, il parle des blessés de la journée de Samedi. De notre côté, nous n'avons pas pu pénétrer dans la partie de la forêt où se déroulaient les événements, mais nous avons entendu.
Vous pouvez lire le communiqué de l'équipe médic du 24 novembre 2012 dont voici un extrait : "(...) aujourd’hui, samedi 24 novembre, un pic de violence avec une centaine de blessé.e.s, dont une trentaine graves pris en charge à l’infirmerie de l’équipe medic établie à la Vache rit, l’une des nombreuses équipes de soins sur la zone.
On dénombre une vingtaine de personnes touchées par des éclats de grenades assourdissantes, aux jambes, aux bras, à la lèvre, au bas ventre. Ces bouts métalliques ou plastiques entrent dans les chairs, on peut rarement les extraire, et ils restent souvent à vie.
Les grenades assourdissantes sont censées être utilisées selon un protocole précis : notamment en cas d’encerclement des forces de l’ordre, et en direction du ciel, ce qui n’était clairement pas le cas aujourd’hui. Les gendarmes mobiles les utilisent de façon à ce qu’elles explosent à côté ou sur les manifestants, provoquant des blessures graves.
Une personne a été touchée au bas ventre par un éclat d’une de ces grenades offensives, provoquant un gros hématome et des lésions internes. On constate chez deux personnes 10 impacts chacune dans les jambes. Une personne risque de perdre son oeil droit. On constate également une plaie au tympan due à un tir de grenade, provoquant une surdité brutale. Suite à des tirs tendus de flashball, on dénombre quatre blessures au thorax, avec fractures de côtes et état de choc, de multiples blessures aux jambes et aux mains, une blessure hémorragique au visage. Et de nombreux.ses autres blessé.e.s. Il était difficile d’évacuer les blessé.e.s les plus graves par ambulance ou par véhicule particulier suite aux différents barrages de police."

(EDIT du 28 Novembre : Ce sinistre constat est corroboré par la lettre du docteur qui officiait sur place. Lettre envoyée au Préfet avec copie aux parlementaires de Loires Atlantique et reproduite sur le site On ne dormiras jamais.)

D'autres informations (dont un argumentaire contre le projet) se trouve sur le site de l'ACIPA. Ici le lien vers le CéDpa un Collectif d'élu-e-s Doutant de la pertinence de l'aéroport.

De retour à Nantes, nous apprenons que la manifestation contre l'aéroport a été accueillie par des jets d'eau à son arrivée devant la Préfecture. Familles, enfants, foule pacifique : aspergée. Dans les rues, une petite fille se prend de la lacrymo. Nous nous rendons sur place. Le reste du cortège déambule dans la ville. Se rend au marché de noël, et arrive sur la place du Bouffay. Trois personnes frappent contre la barrière du chantier Vinci (Vinci construit beaucoup à Nantes). Un feu de carton est allumé. Des camions de CRS arrivent. Des hommes casqués et armés de matraques se mettent en position. Les pompiers éteignent le feu avec un extincteur.


 Ce qui reste de la manifestation de l'après-midi chante sur la place du Bouffay


 La police se déploie


Une danse s'improvise au son du saxophone. Un type parle avec un CRS. Visiblement il l'ennuie. Rien n'est jeté vers les policiers. Un petit groupe d'une dizaine de personne est près d'eux. Le CRS qui discutait s'en va, l'homme va pour partir aussi, avec un ami qui lui dit "Viens, on les a bien emmerdé, maintenant on va faire la fête". Là, d'un seul coup les hommes de la BAC surgissent pour se saisir de l'homme. Sûrement pour faire diversion, les CRS chargent. Pour ma part après un bon coup de matraque dans le bras et un vol plané je me retrouve par terre. Pas loin de moi, Caroline tombe au sol et se fait alors matraquer à trois reprises par un CRS, dont un violent coup à la tête. Ça saigne. Une fille pleure en se tenant le bras, un autre homme a besoin de points de sutures. Un bar ferme précipatamment ses portes, un Kebab accueille les deux blessés, donne de l'eau et des serviettes pour éponger le sang. Ce soir-là en ville, c'est la fête pour l'événement Culture Bar Bars. Les nantais qui voudront aller au restaurant où boire un verre devront se justifier auprès des CRS qui bloquent tout le quartier, pendant que la BAC se déploie dans les rues.


(Photo internet)



Ce qui se passe ici est une honte

Si d'un côté des gens s'organisent et s'entraident, qui plus est de façon spontanée, de l'autre il y a la repression. Il faut que ce messieurs sachent qu'il y a toute sorte de gens qui manifestent actuellement, et que nous discutons entre nous, que des liens se tissent. Les gens sont profondément choqués par la violence de la répression. Choqués par ce qu'ils voient et ce qu'ils subissent.

Ce qui se passe actuellement ici (mais aussi du point de vue politique internationale et économique de la France) n'est pas bon du tout. On s'en doutait, et toute personne qui tente de s'informer un petit peu peut le comprendre. Alors que le parti (dit) socialiste a les pleins pouvoirs (assemblée nationale et Sénat), il continue la politique du gouvernement de Sarkozy. Après avoir donné un peu de répit pour les carrières longues dans le dossier des retraites et lâché un peu (un tout petit peu) de lest dans le monde enseignant, il nous laisse perplexes sur plusieurs sujets : le non cumul des mandats ; le démantélement des camps de roms (et la xénophobie d'État qui accompagne les faits) ; le vote du traité budgetaire européen (sans rien y changer) ; la règle d'or (que quand c'est Sarkozy c'est pas bien mais quand c'est les socialistes au pouvoir, ça va ?). On s'interrogera aussi pour les 7 milliards à PSA en échange de vent, sur l'augmentation de la TVA... Nous n'oublions pas l'extradition d'Aurore Martin, ni la Françafrique. Ne parlons pas de la baisse du budget de la culture (entre autre), ni droit de vote des étrangers.

Le renoncement a commencé bien vite (il était déjà présent dès la campagne électorale me semble-t-il), dommage, quand on a les pleins pouvoirs... ce gouvernement ne mène pas de politique socialiste, ce gouvernement ne mène pas de politique de gauche.
Certaines personnes qui avaient leur carte au PS ont fait un choix, ils l'ont rendue.

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