Green River de Tim Willocks



"Peut-être le plus grand roman jamais écrit sur la prison", dit James Ellroy en 4e de couverture. Au secours. Enfin heureusement, il dit bien peut-être. Si Green River s'en sort honorablement pour ce qui est de divertir son lecteur, il ne représente pas le haut du panier en ce qui concerne les romans sur la prison (haut du panier qu'on vous a indiqué dans L'Indic n°8).

Green River est un roman à sensations et rebondissements, fait pour être palpitant, dans la catégorie "j'indique au lecteur ce qu'il doit ressentir".

Une juxtaposition antagoniste de forces hostiles attendant d'être déchaînées. La guerre étant l'état naturel de l'homme, la paix n'est jamais qu'un prélude, une préparation.


Vous voici dans une prison fantasmée, aux plafonds de plaques de verre pour une surveillance permanente, avec quatre blocs : au A les Latinos et les Blancs, au B les Noirs, au C les Noirs et Latinos, et au D uniquement les Blancs. Le directeur est complètement timbré, la psy est bien sûr sexy et quand l'émeute va éclater, elle sera coincée à l'intérieur. Pensez donc ! Vous le voyez venir le héros droit dans ses bottes qui va arranger la situation ? L'ensemble laisse penser que l'auteur a écrit avec l'adaptation cinématographique en ligne de mire. C'est un roman qui se prend au sérieux, avec des considérations assez plates sur l'emprisonnement et une volonté évidente de marquer le lecteur. Le goût de déjà vu, les personnages archétypaux, le manque d'imagination, font qu'on oublie vite ce thriller à l'américaine, dans ce que le genre peut comporter de plus raté. Sur un ton humoristique, le plus récent Arrêtez-moi là ! de Iain Levison, réussit bien mieux à faire comprendre le poids du système judiciaire, les conséquences et le rôle de l'enfermement.