Soulja's Story & Au Clair de la Lune

"... ainsi Soulja's story qui racontait l'histoire de deux frères dont le plus âgé est envoyé en prison, et dont le plus jeune se lance dans une folle tentative pour le faire évader, était un lointain écho de la malheureuse histoire des frères George et Jonathan Jackson. Gerorge, l'aîné, avait été depuis le fond de sa prison de Soledad l'une des voix les plus vibrantes du mouvement né autour des Panthers historiques, avant d'être abbatu à l'occasion d'une mutinerie le 21 Août 1971 ; Jonathan, son frère de dix sept ans, avait lui trouvé la mort un an plus tôt devant le tribunal de Marin County, où il avait organisé une prise d'otage pour obtenir la libération d'un autre prisonnier de San Quentin, James McClain. (...) Cependant les deux souljas de Tupac n'étaient pas, comme les frères Jackson, des militants plus ou moins perdus de la cause des Noirs ; c'était deux Gs, deux caïds locaux qui, à moins de dix-huit ans, étaient déjà couverts de bijoux et surarmés, et qui ne cherchaient rien d'autre que leur propre plaisir dans un monde qui n'avait rien à voir avec celui de leurs deux glorieux aînés. "

Pierre Evil, Gangsta Rap, Flammarion

Il y a plusieurs définitions qui correspondent au terme de "Soulja"... C'est généralement (aux États Unis d'Amérique) quelqu'un qui a grandi dans la rue, le ghetto étant alors la zone de combat. Il semble aussi que cela définisse une personne qui se bat, qui traverse ou a traversé des moments difficiles, qui apprend de ses erreurs et qui possède un code de conduite. Il est bien possible que le terme soit à rattacher à un genre de philosophie de vie du ghetto. Une appellation branchée sur le mot soldat. 2Pac Shakur parle du ghetto et d'un Soulja, une histoire dans la tradition Gangsta qui se finit tragiquement... et il faudra que l'on prenne le temps de décortiquer les paroles de la chanson et leurs implications.

En France, Mc Solaar reprend le 6 n' The Morning que l'on retrouve dans de nombreux gangsta raps et nous cause sur un tout autre ton (il faut dire que les ghettos/banlieues française n'ont pas la même histoire et que le hip hop français n'est pas toujours obligé de copier à la lettre le hip hop américain) : il ne s'agit pas là de se mettre à la place d'un gamin du ghetto et de compter un genre d'épopée, mais plutôt de mettre en avant le côté puéril de l'imagerie... et de remettre en perspective l'imagerie du soldat.