Le pays où la mort est moins chère, Thierry Marignac


Thierry Marignac sait s’y prendre dans le format roman, je l’ai constaté avec Fasciste, À quai ou encore Renegade Boxing Club. Le format court lui va aussi, vous pourrez le vérifier en lisant Le pays où la mort est moins chère. J’ai retrouvé dans ce recueil les saveurs et les signes de ce que Marignac a écrit autre part. C’est un univers qui devient familier, avec ses camés, ses jeunes entre bourgeoisie et délinquance, blancs becs et sang bleus en quête de drogue et sensations fortes, le personnage récurrent du traducteur, les ambassades et la banlieue Noire.

Le travail de Marignac sur le style - ce mot qui le fait tant bondir - s’apprécie sacrément. Tour à tour sec ou plus littéraire, il change le ton en fonction des histoires qu’il raconte. Chez lui, tout est pensé, jusqu’à l’agencement de ces textes articulés par thématique, un choix pertinent, articulé en Poursuites, Règlements de compte et Kamikazes. Au-delà de la thématique cette unité de ton, même si elle a été conçue après l’écriture, procède d’une logique qui favorise la lecture. L’intérieur même de certaines nouvelles se découpe en parties, chapitres, simples titres ou numéros. Je vous le dis, la forme, le souffle, une constante de la méthode Marignac.

Souvent sombre, âpre, il sait aussi être drôle avec l’histoire de ce billet de 500 francs (ça commence comme ça : La grosse était monarchiste, ça a égayé nos couscous merguez) et terriblement touchant (et si loin des clichés machistes) comme dans l’histoire des transsexuels. C’est plein de vrai (je n’ai pas dit réalité), d’êtres et de lieux forts. Rien que d’en reparler, deux mois après l’avoir lu, des images reviennent - comme celle du dealer qui fait sa distribution en dévalant les rues assailli par les camés - j’ai envie de le relire. Impossible de ne pas se rendre compte que cet auteur possède une musique à part faisant de ses textes des objets originaux à découvrir.


Thierry Marignac, Le pays où la mort est moins chère, Moisson Rouge, 2009, 15 euros, 142 p.