Dur comme l'amour, raconte Larry Brown


Voici Dur comme l’amour (Big dad love), un des recueils de nouvelles de Larry Brown (l’autre s’appelle Faire front). On y retrouve les personnages typiques de l’auteur, des hommes perdus dans leur vie, dépassés. L’alcool les accompagne ici en permanence, ami fidèle, ainsi qu’un peu de musique. On croisera Thin Lizzy, Rod Stewart, Guns’n’Roses ou encore ZZ Top.

Ça commence avec un type et sa copine Sheena Baby, en panne sur le bord de la route, pour embrayer sur un mari et sa femme qui s’est mise à écrire. Il sera souvent question d’écriture. Larry Brown fait surgir le sentiment exact, pointe le détail précis, celui qu’on connaît sans le percevoir et qui trouve écho en nous. Il décrit comme peu en sont capables l’angoisse ressentie par l’individu qui sait qu’on attend de lui des choses qu’il n’est pas en mesure de faire ou d’assumer. Il met en avant l’amour et la tendresse, la rage, les habitudes et les faiblesses.

Tout est bon là-dedans, mais je garde une sensation toute particulière au souvenir de Discipline, la plus longue nouvelle de ce recueil, et une des plus savoureuses. Le dialogue d’un accusé et d’un avocat fait découvrir un monde où les auteurs sont envoyés en prison pour plagiat, rééduqués en lisant les classiques ou faisant des exercices de poésie... Dans 92 jours aussi, Larry Brown parle de l’écrivain. Lui-même admirait Raymond Carver et les textes de Leonard Cohen. On ressent tout ça quand on lit ses écrits, à découvrir absolument.

« Je crois toujours que je vais trouver quelque chose quand je sors le soir. Je sais pas pourquoi. Je le crois toujours et ça n’a jamais lieu. Je crois toujours que je vais trouver une femme. Mais si on sort dans la tristesse, on ne trouve que la tristesse. »

Larry Brown, Dur comme l'amour, folio, 2004, 7,60 euros, 316 p.