De derrière les fagots, Emmanuel Pons et Je viens de tuer ma femme

Arléa le ressort en poche, si vous ne l'avez pas lu corrigez cette erreur.

Ce premier roman entre humour et cynisme nous est raconté par un homme qui s’appelle Emmanuel Pons. Je viens de tuer ma femme, il nous le dit dans le titre, qui est aussi la première phrase. On craint que la douce loufoquerie du début ne devienne lassante. Que les cadavres s’accumulent sans que rien ne vienne donner corps à l’histoire. Et bien non. L’auteur réussi à trouver le bon équilibre, une dure noirceur faisant retomber le lecteur des envolées dans laquelle l’outrance l’avait projeté.
L’histoire va plus loin que l’anecdote et le crime. Elle nous plonge dans les relations de voisinage, la vie d’un petit village à l’abri du fonctionnement de la grande ville. Le narrateur nous fait découvrir sa femme, grossissant le trait mais touchant souvent juste sur les petites manies de la vie de couple. Notre rapport à la mort, ou tout simplement l’absence, y trouve aussi sa place.

Klein, ACDC, un congélateur bien rempli, une scie sauteuse et un gourou symbolique, autant d’éléments dont l’assemblage procure une saveur toute particulière. Une sorte de fable originale sur le fait de vivre avec les autres, et soi-même.

"L'art c'est d'abord une nécessité intérieure, et, à ce titre, ta mort est ma plus belle oeuvre. La preuve ? C'est la seule que tu n'aies pas critiquée."

Emmanuel Pons, Je viens de tuer ma femme, Arléa 2007