La confrérie des mutilés de Brian Evenson


La lecture de La confrérie des mutilés est une expérience assez particulière. On essaye de cerner le genre d’histoire auquel on a à faire ; les balises sont floues. Certes, il y a ce détective qui nous orienterait vers le polar. Mais quand même, quel barge de s’être coupé une main au hachoir rien que pour détourner l’attention du tueur qu’il avait en face de lui ! Alors quand ce type bizarre voit débarquer un duo non moins étrange qui se balance des répliques façon ping-pong, l’absurde grandit. Et ce sentiment ne nous quitte jamais. A moins qu’un séjour au sein d’une secte dans laquelle les plus haut gradés sont ceux qui se sont mutilés le plus de membres ne vous étonne pas.
Kline, notre détective, doit bien mener une enquête, mais pour celle-ci aussi, les lignes ne sont pas très claires. Y a-t-il vraiment un cadavre ? Pourquoi les témoins ne peuvent-ils parler que sur magnétophone ?
Pour accéder au savoir et obtenir les informations qui lui manquent, Kline devra changer, renoncer aux certitudes, à ce qui compte. C’est l’histoire d’un homme qui va devoir se faire violence pour échapper au destin que d’autres voudraient bien tracer pour lui. Un roman à lire, donc, burlesque, gore, noir et drôle. Sans compter bien sûr les métaphores auxquelles il se prête facilement.

Brian Evenson, La confrérie des mutilés, Lot 49, 2008, 17 euros, 220p.