Stevenson, L'île au trésor (1881)




La chasse au trésor est un symbole et une quête mythique. Le dj est toujours à la recherche d'un disque rare, d'un enregistrement introuvable, d'une chanson oubliée qui va faire vibrer les gens... un trésor. On est tous à la recherche d'un trésor. C'est peut être en partie pour ça que L'île au trésor fascine et traverse les âges en déposant à nos pieds les marins et les pirates du XVIII ème siècle. Mais dans le roman comme dans la recherche de galette miraculeuse, c'est la recherche, la quête, qui fascine autant que le trésor.

L'île au trésor est construit sur un tempo vif et nerveux qui va à l'essentiel. Stevenson propose là un roman d'aventure avec pirates, mer et chasse au trésor, mais c'est aussi un roman d'initiation avec son gamin héros narrateur qui va traverser moult épreuves. Notons que pour ceux qui veulent continuer l'aventure, le personnage de Long John Silver a été repris par Björn Larson dans Long John Silver, Grasset, 1998.

Il y a des chants de marins dans L'île au trésor et notamment une chanson dont on ne connaîtra que quelques couplets :

Z'étions quinz'homm'su'l'coff' du mort
Hisse et oh!- et une bouteille d'rhum!

L'alcool et l'diab'avaient fait ben du tort-

Hisse et oh!- et une bouteille d'rhum!

De tout l'équipage, l'en restait qu'un,

Sur les 75 qu'avaient embarqué, rien qu'un...

Cette fameuse chanson va nous suivre durant tout le livre, elle l'ouvre et le referme. On la croise aux pages 38, 43, 198, 200, 264, 267 et 286 (le numéro des pages fait réference à l'édition folio classique de Marc Porée). Elle est comme un résumé éclair de l'aventure. Ils sont 26 à partir à la recherche du trésor de Flint qui a déjà coûté la vie à un nombre incalculable de marins (rien que par le nombre de bateaux que les pirates ont coulés pour se l'approprier) et il ne seront que 5 à revenir. La chanson peut rejoindre l'un des thèmes du livre : le fort pouvoir de corruption de l'argent.

À la page 150 un pirate sifflote Lillibullero, une ballade notamment chantée par les antipapistes lors de la révolution de 1688 qui aboutit à la déposition du roi Jacques II d'Angleterre et à l'arrivée sur le trône de Guillaume d'Orange. Ce chant populaire et rebelle irlandais aurait été écrit en 1641, Purcell l'arrangera en 1678 ; il semble que la mélodie soit de lui.

The Fates interprètent Lillibulero/When will we be Married.


Le livre de Stevenson a donné lieu à de nombreuses adaptations sous divers formats : en bande dessinée, Xavier Dorisson et Mathieu Lauffray s'intéressent en plusieurs tomes à l'histoire de Long John Silver avant et après les événements relatés par Stevenson ; Hugo Pratt a lui aussi dessiné L'île au trésor. Dès 1934 l'aventure est portée à l'écran par Victor Fleming, plusieurs adptations suivront. En 1950 Byron Haskin réalise le film pour Walt Disney.



Robert Newton dans le rôle de Long John Silver


Treasure Island
(L'île au trésor, 1949) est la première des trois partitions de Clifton Parker pour les studio Disney. Pour l'occasion, Parker et Marcus Dods (à l'époque vice président de la Rank Organisation qui travaillait avec Muir Matheson) recueillent à peu près 300 chansons de marins, dont une sélection est incluse dans le film. La suite Treasure Island commence par une orchestration de Yo Ho Ho. La musique de Parker mariant cordes, cuivres, vents, coup de cymbale et roulements de tambour se fait tourbillonnante et entraînante. Elle s'approche de la musique classique et symphonique. La partition originale fut éxécutée en décembre 1949 par l'orchestre du Royal Philarmonique sous la direction de Matheson. Sur The Film Music Of Clifton Parker (Chandos Movies, 2002) elle est interpréte par le BBC Concert Orchestra dirigé par Rumon Gamba. En route moussaillon ! Yo Ho HO !